Dans un couloir menant à la bibliothèque

Le couloir n'était pas beaucoup peuplé aujourd'hui. Quelques élèves bavardaient, adossés sur le mur de marbre, éparpillés ça et là dans ce qui conduisait à la bibliothèque. certains revenaient de prendre des livres et en profitaiet pour parler ''Cette Pincette de raclette!'' S'exclamaient-ils!. Théodore lui, s'y dirigeait. Il cherchait d'autres sortes de métamorphoses humaines ou autre, un sujet qui le passionnait grandement. Il s'était apporté quelques morceaux de parchemins afin de prendre des notes sur la métamorphose et le livre dans lequel il l'avait trouvé. Il avait un petit faible cependant pour des hommes fauves ou tout ce qui était félin. Pourtant son animal préféré était le furet. Agile et rapide (un peu comme un chat) cette créature se mouvait d'une manière qui amusait beaucoup Théodore. C'est pourquoi il avait demandé un furet pour son anniversaire. Ses parents lui firent cadeau d'un beau petit mâle brun et noir. Il le baptisa Mowgli. Ce saucisson de poil était d'ailleurs en train de se promener entre les deux épaule de Théo comme il allait dans le couloir.

-Hihi te promène pas trop tu ma chatouille hihiHAHAHA


Le teint du jeune élève vira au rose en s'apercevant qu'on le regardait en souriant. Ce ne fut que quelques secondes d'inattention qui le fit manquer un pas. La scène aurait pu se passer au ralenti. Il envoya balader un après l'Autres parchemin ..furet et cahier de note dans les airs. Pendant qu'il tombait, l'animal s'aggripa du mieux qu'il put en planta ses pates sur la tête de théo qui poussa un gémissement de douleur avant de retomber plat sur le plancher. Il se releva le plus vite possible, rajustant ses lunettes de son index et prenant ses affaires, oubliant sa bête sur sa tête. le teint de plus en plus rouge, il s'excusa du bouquant et du dérangement. Il s'aperçut qu'il lui manquait sa plume et fit le tour de lui même pour essayer de la repérer mais sans succès

-Zut!! et rezut!, j'ai perdu ma plume!

Après quelques instants d'hésitations et toujours avec son furet sur le crâne, le poufsoufle se mit par terre, à quatre pattes et se mit a chercher avec un peu plus de conviction. sa plume était précieuse du fait que c'était un cadeau de famille, il se ferait engueuler si jamais il l'égarait.

-Génial...elle n'est nulle part...

Théodore était encore à quatre pattes lorsque Sterenn apparut. Il ne l'entendit que dire ''Accio plume'' et perçut un léger sifflement dans l'air. Quelques instant plus tard, une main se dressa devant son visage avec sa plume retenue dans les doigts de la gryffondor. Le visage du pouffsoufle s'illumina. Il se releva et adressa un grand sourire à Sterenn

-Merci beaucoup! Je sais pas ce que j'aurais fait si j'avais égaré cette plume!

Il reprit sa plume et se souvint de la formule qu'elle avait utilisé. Son visage se couvra de gêne

-...Accio bien sur....je n'en reviens pas..j'oublie toujours cette satané formule .. pourtant c'est l'une des premières que l'on apprend!

Théodore se gratta la tête et se rendit compte que son furet y étais toujours agrippé, tétanisé par la peur. Il tremblait de tout son corps. Il prit l'animal et le réfugia dans ses bras.

- Calme-toi Mowgli..chuuut..

-Au fait, je me nomme Théodore, Théodore Müller, ravi de faire ta connaissance!

Il lui tendit la main

-Et puis-je savoir le nom de la personne qui m'as épargné les reproches cruels et sans pitié de mes parents? Dit-il avec u petit sourire en coin

"Ah Théo te voilà ! Je te cherchais !"

Du bout du couloir par lequel il arrivait, le charmant préfet de Poufsouffle avait vu le beau vol plané de son camarade de maison sans distinguer de loin s'il s'agissait de lui ou de Samuel Gamegie, les deux ayant de longs cheveux blonds et n'étant pas plus doués l'un que l'autre. Mais en s'approchant, voyant que le garçon avait de quoi travailler et surtout en entendant sa voix il avait été sûr de savoir de qui il s'agissait. La jolie Sterenn de Gryffondor l'aidait à rassembler ses affaires alors qu'il s'approchait et ce qui s'était passé la veille lui revint en mémoire.

Toute cette histoire avec Zach et Liberty, mais aussi la signature de la pétition et tout le reste lui avaient fait sortir de l'esprit l'étrange réaction que la jeune fille avait eu à son égard lors de leur réunion informelle à la table de Serpentard.

Lui qui avait l'habitude de se retrouver face à des filles avec des étoiles dans les yeux ou rougissantes, s'était retrouvé face à une froideur ou un mépris évident. Il avait eu beau chercher, il n'avait pas pu trouver ce qu'il avait bien pu faire pour mériter une telle attitude. Et même s'il n'était pas comme Cornwell qui ne supportait pas qu'on ne l'idolâtre pas, il s'était promis de discuter avec la Gryffondor de ce qu'elle lui reprochait. S'il avait mal agi, même inconsciemment, s'excuser était la moindre des choses.

Gaëlys était maintenant arrivé à la hauteur des étudiants. Il sourit joliment à la blonde lionne.

"Bonjour Strenn. Tu vas bien? ^^ je suis content de te voir j'aimerais te parler si tu as une minute..."

D'un geste, il sortit la pétition de sa poche.

"Théo, je n'ai pas réussi à te voir hier. C'est une pétition pour demander le retour de Kay. Tu voudrais la signer?"

Et tandis que le blond Pouffy prenait le parchemin pour le lire en remontant ses lunettes sur son nez, Gaëlys fixait son regard bleu sur Strenn, essayant de déchiffrer l'expression de son visage. Il se poussa pour laisser le passage à quelques Serdaigles et se retrouva à quelques millimètres de la jeune fille.

"Excuse-moi..."

Sterenn ne dit rien quand Théodore avoua qu’il ne se rappelait jamais du sortilège Accio, mais n’en pensa pas moins. Elle aurait pu comprendre que le Poufsouffle oublie des formules comme « Wingardium Leviosa » ou « Mutinlutin Malinpesti »... mais « Accio » ! C’était une formule à la fois simple et pratique. Sterenn s’en servait quand un livre était trop haut pour elle à la bibliothèque, quand ses affaires roulaient sous son lit et quand elle avait la flemme de se lever pour aller chercher tel ou tel objet – elle l’avait utilisé une fois pour Nocturna, qui s’était vengée en lui griffant les genoux jusqu’au sang. Bref, c’était l’un des sortilèges que la Gryffondor utilisait le plus souvent. Elle allait en faire la remarque à Théodore quand celui-ci lui demanda son nom.

« Sterenn Wilson, quatrième année à Gryffondor, Gardienne des Phoenix » déclama la jeune blonde, en attrapant la main que Théodore lui tendait.

Prénom, nom, pedigree. Pour elle, c’était une présentation complète. Ses yeux verts d’eau s’attardèrent sur le dénommé Mowgli. Elle aimait beaucoup son chat et était persuadée que les furets étaient moins utiles, moins débrouillards et moins affectueux que son précieux félin. Mais la créature l’intriguait. C’était la première fois qu’elle voyait un furet d’aussi près, et toutes les rumeurs qu’elle avait entendues à leur sujet lui revinrent en mémoire. Un furet, ça sent mauvais, un furet, ça fait du bruit, un furet, ça mord...

« C’est un furet, c’est ça ? » souffla-t-elle en montrant l’animal d’un signe du menton. « Est-ce qu’il... »

Elle n’eut pas le temps de poser sa question : Gaëlys fit son apparition. Immédiatement, Sterenn sentit les commissures de ses lèvres devenir aussi légères que deux oiseaux. Elle sourit. Décidément, son sourire était craquant ! Et que dire de sa voix, qui...

Raaah !

La blonde s’efforça de chasser l’insupportable petite voix qui lui disait que Gaëlys était renversant. Elle savait que le jeune garçon avait des Vélanes dans son arbre généalogique et était vexée d’être aussi influençable. Elle cessa de sourire et pinça les lèvres. Vélane ou pas Vélane, c’était un garçon et il était hors de question qu’elle le laisse faire du charme devant elle. Elle ne voulait pas qu’il la considère comme un trophée supplémentaire sur son tableau de chasse, ni qu’il la confonde avec les groupies décérébrées qui scandaient son nom dans les gradins du terrain de Quidditch.

« Bonjour Gaëlys » répondit-elle froidement.

Elle n’avait aucune envie de lui parler, même une minute, mais peut-être qu’il avait quelque chose d’important à lui dire, par exemple à propos du complot. Elle comptait demander à Théodore de signer sa pétition et fut un peu déçue que Gaëlys la devance. Mais Théodore était un Poufsouffle, c’était logique qu’il signe la pétition d’un Poufsouffle.

Elle fronça les sourcils quand Gaëlys s’excusa.

« A propos de quoi ? » demanda-t-elle avec une pointe d’agacement, mais sans hausser la voix.

Lorsqu'elle lui serra la main, Théodore sentit immédiatement la franchise de la gryff. Elle devait avoir un caractère plutôt déterminé. Ce qu'apprécia le pouff. Il émanait d'elle comme une joie de vivre naturelle; comme si chacun geste pointait vers l'avant. Théo qui lui même n'avait pas vraiment de problèmes de communication appréciait ce genre de personnalité. Théodore se sentait mal à l'aise quand les gens à qui il parlait étaient fermés d'esprit et parlaient peu.Au contraire, Les personnes sociables étaient de meilleure compagnie généralement. Bref, Sterenn avait l'air fort sympathique.

C'est à ce moment de ses pensées qu'il remarqua que la pouff observait avec attention son furet. Son regard semblait curieux mais hésitant. Peu à peu elle redirigea son regard vers Théo et lui parla de son furet. C'est à peine si elle lui posait une question qu'une autre voix, plus familière celle-là, lui adressa la parole. Bien sur le pouf reconnu son préfet, Gaëlys. C'est alors que quelque chose d'étrange se passa. Le regard clair qu'avait Sterenn au début changea radicalement. Il crut apercevoir une légère étincelle dans les yeux de la jeune fille puis immédiatement, de la cendre..un regard plus que neutre avait pris place dans le visage de sa première interlocutrice. Comment une personne qui avait l'air aussi enjouée a peine une seconde auparavant pouvait-elle changer aussi vite de comportement... et ce même devant Gaëlys qui était non seulement d'une honnête beauté mais aussi d'une gentillesse très serviable. D'ailleurs, il voulait s'entretenir avec Sterenn. Ce serait-il passé un problème entre eux? Ce devait être grave vu le brusque changement d'attitude de la part de Sterenn.

Il était une seconde fois perdu dans ses pensées quand Gaëlys lui tendit un parchemin en lui expliquant que c'était une pétition pour faire revenir Kay à la direction et s'il pouvait signer. ça ne prit pas plus de 30 secondes pour se rappeler l'impression en début d'année qu'il avait ressenti à l'égard du nouveau directeur. Un manque de compassion faussement comblé par une sincérité bidon et hypocrite. Voila ce que pensais Théodore du discours de ce Finchley. Ce gros balourd n'arrivait même pas à l'ongle du gros orteil de Kay!

-Compte sur moi, je te la signe de ce pas!

Il lut clairement la déclaration puis empoigna le plume qu'il avait failli perdre quelques minutes avant. Cette plume n'était pas seulement précieux pour lui parce que ses parents l'avait payé cher (c'est du moins ce qu'il croyait). C'était une plume qui ne manquait jamais d'encre. D'autant plus qu'elle était magnifique. Son tube était couvert de petites écailles vertes vives, orné dans le haut d'un rubis noir taillé en ovale. Juste avant l'embranchement de la plume dorée, se trouvait un petit coussinet pour le confort des doigts de Théodore qui s'apprêtait à signer.

Müller, Théodore - Cinquième année

D'une écriture fine et polie, il gratta sa signature sur le parchemin et attendit que Gaëlys et Sterenn ait fini leur conversation en essayant de ne pas trop écouter ce dont ils étaient en train de parler. Il en profita donc pour aller vérifier ses précédentes notes sur les métamorphoses dans son cahier.

Le sourire qui éclairait le visage de Sterenn lorsqu'elle s'était tournée vers lui aurait pu le soulager des questions qui lui tournaient dans la tête s'il ne s'était immédiatement évaporé. Alors qu'il lui avait répondu en souriant aussi, le blond préfet se trouva soudain idiot avec un sourire dont il ne savait que faire face à un mur de glace. Il passa sa main dans ses mèches blondes pour retrouver un semblant de contenance puis s'éclaircit la gorge. Ses yeux rencontrèrent le bleu de ceux de la Gryffondor, aussi déterminée que face à un souaffle.

"Euh... Et bien... en fait..." Une inspiration." Je n'ai pas compris ton attitude froide de ce matin et même si j'ai tenté de me convaincre que je me trompais, ta réaction ici me prouve que je ne me suis pas fait de films... Ecoute..."

Théodore était plongé dans la lecture de la pétrition et Gaëlys attrapa le bras de la gardienne des Phoenix pour l'attirer un peu à l'écart.

"Si j'ai dit ou fait quelque chose qui t'a déplu ou blessée, j'aimerais vraiment que tu me le dises. Voir ton sourire qui se fane dès que j'approche, ça me met à l'envers..."

Il l'avait lâchée mais avança sa main pour remettre une longue mèche blonde de la jeune fille en place, comme s'il voulait que ce contact témoigne de sa bonne foi. A quelques pas, Théo avait signé la pétition et regardait autour de lui. Gaëlys lui fit signe.

"J'arrive Théo ! Une minute et j'arrive !"

Le blond vélane expérimenta l'expression : avoir le bec cloué. Ses lèvres restaient closes après les paroles agressives de la blonde et angélique Gryffondor. Le genre de paroles qui vous font sentir coupable même si vous n'avez rien fait de mal, le genre de paroles qui vous donne envie de vous cacher dans le moindre terrier de gnomes de jardins, le genre de paroles dont vous vous dites que vous êtes content que personne n'ait été là pour les entendre.

Refermant sa bouche qui s'était stupidement ouverte dans un elan de contestation, Gaëlys fronça les sourcils à son tour. Apparemment, il s'était bien trompé sur le compte de cette jeune fille qui semblait avoir une idée très élevée de sa petite personne. Fourrant ses mains dans ses poches, il répondit d'une voix calme mais plus grave que d'habitude. Il se sentait légèrement agacé.

"Déjà, je ne te drague pas, ça c'est dans ta tête que ça se passe. Ensuite c'est justement parce que tu n'es pas une idiote gloussante que j'avais envie de te garder comme amie. Ensuite, tu as raison, j'aurais pas du m'inquiéter de ton sort. Et non ça ne me va pas comme réponse. j'essayais juste de comprendre ce qui n'allait pas et je m'en suis pris plein la tronche. Alors je vais te laisser là, toute seule sur ton piédestal, et regagner la bauge d'où je n'aurais pas du oser sortir."

Sans attendre quoi que ce soit, ni réponse, ni réaction, il revint près de Théodore et lui reprit délicatement la pétition des mains.

"Merci, c'est super gentil. On vous donnera des nouvelles dès qu'on en aura. On va avoir besoin de monde aussi pour mener des actions en faveur du retour de Kay. J'espère qu'on peut compter sur toi vieux !"

Malgré la sympathie dans le caractère de Gaëlys, il était clair qu'il s'était passé quelque chose.. Théodore le regarda lui prendre la feuille et le remercier mais Gaëlys était différent..il avait l'air d'avoir du mal a se contenir. Son comportement ébranla Théodore qui ne l'avait jamais vu comme cela auparavant . puis comme il était une fois de plus perdu dans ses pensées, il se rendit compte que Gaëlys venait de lui parler.

-Ah...ah oui, oui pour ça ne t'inquiète pas tu peut compter sur moi quand tu veux

puis il lui fit un clin d'œil entendu

-Cette cause on y tient à bientôt Gaëlys, bonne journée

Théodore se retourna et vit l'expression tout aussi ambigü de Sterenn qui avait l'air de vouloir tuer un troupeau de mangemort. Théodore se renfrogna avec un mine ''je m'en mêle pas'' et décida d'aller passer le reste de sa journée dans le parc

'jour Sterenn ._. dit-il timidement en passant à côté d'elle avant de tourner un coin et de s'en aller

Une porcelaine qui se brise laisse échapper un son caractéristique, identifiable entre mille. Une sorte de vibration pas très éloignée du tintement d’une clochette. Mais un cœur qui se brise est désespérément silencieux. Il se contente de marquer une pause, guère plus longue qu’un battement de cils, avant de reprendre sa tâche. Badabam, badabam. Sterenn se demanda pourquoi les filles faisaient tant d’histoires quand les garçons qu’elles aimaient leur faisaient comprendre qu’ils étaient lassés d’elles. Elles traduisaient par des cris, des pleurs, des reniflements, un silence d’une demi-seconde derrière leur sein. Naguère, quand elle voyait Gaëlys, la Gryffondor avait l’impression de devenir une autre Sterenn. Une Sterenn frivole, légère comme une oiselle, qui basait son bonheur sur un sourire. Des papillons se mettaient à cabrioler dans son estomac et une petite voix qui ressemblait étrangement à la sienne la suppliait de sourire en retour. C’était bien fini, à présent. La voix gémissait, les papillons s’étaient immobilisés, ses ailes s’étaient chargées de plomb.

Pas trop tôt.

Une froideur affreuse se répandit dans la poitrine de Sterenn. La jeune fille se rassura en songeant que ce malaise était simplement passager. Elle ne s’attendait pas à une telle attaque de la part du (beau, soupira la voix mourante) Gaëlys, mais elle n’allait pas tarder à reprendre du poil de la bête. Sûrement. Probablement. Peut-être.

Elle déglutit. C’était formidable, que Gaëlys préfère la laisser seule. C’était drôle, qu’elle se sente si triste, soudain.

Elle hocha la tête quand Théodore passa devant elle.

« Salut, Théo. A plus, peut-être »

Silver lui manqua affreusement, soudain. Elle aurait aimé courir le rejoindre, afin de nouer ses bras autour de son encolure, et respirer sa puissante odeur animale. Elle serait ensuite grimpée sur son dos, et il l’aurait emmenée galoper à travers bois et à travers champs. Tous, tous ses soucis, même ceux qu’elle ne comprenait pas, se seraient évaporés à son contact, et au contact du vent contre son visage. C’était affreux, qu’il soit si loin d’elle.

Elle attrapa ses cheveux et les fit tous passer derrière son épaule, avant de faire face à Gaëlys.

« Un jour, mon pédiestal sera une licorne. Tu verras. Et si pour ça, il faut que j’éloigne tous les garçons de moi, je le ferai, peu importe ce que ça me coûtera » affirma-t-elle d’une voix étranglée, mais l'air fier.

C’était pas normal, qu’elle se sente si triste. Elle se hâta de tourner les talons et s’éloigna à grands pas, les épaules rentrées, les bras croisés sur sa poitrine, comme si, par ces moyens dérisoires, elle pouvait se tenir chaud, et dissiper la froideur qui s’était installée en elle.

Comme il s'y attendait, Théodore répondit par l'affirmative à sa question. La loyauté était une des grandes qualités des membres de la maison Poufsouffle, une loyauté qui leur faisait parfois trouver tout le courage des Gryffondors ou toute la ruse des vils Serpentards.
Un sourire accompagné d'un merci et d'une tape sur l'épaule accompagnèrent le départ du jeune homme qui semblait content de fuir l'ambiance lourde que sa dispute avec Sterenn avait fait naître dans le couloir.

Repliant la pétition, Gaëlys tournait le dos à la jeune fille. Il finit par remettre le parchemin dans sa poche et lorsqu'il releva la tête ce fut pour tomber nez à nez avec elle. Pour quelqu'un qui voulait qu'il ne l'approche pas, elle était plutôt insistante. Il la regarda bien en face, écoutant ce qu'elle avait à lui dire et hallucinant d'entendre ce qu'il entendait. Qu'est-ce que c'était que cette histoire de licornes? O_o et qu'est ce qu'il avait à voir là-dedans?

Malgré l'assurance que les yeux de Sterenn voulait montrer, sa voix aux inflexions changeante indiquait tout le contraire. Elle ne lui laissa pas le temps de répondre que déjà elle s'éloignait. Il s'adressa cependant à son dos.

"C'est impossible de tenir tous les garçons éloignés de toi, tu es bien trop jolie pour ça Sterenn. Ton combat va être long et difficile. Es-tu sûre que le jeu en vaille bien la chandelle? "

Sterenn ne voulait plus rien entendre. Elle se sentait terriblement vulnérable, et avait peur de s’effondrer si Gaëlys tentait à nouveau de l’attaquer. Les lèvres serrées, au bord des larmes, elle marchait d’un bon pas, afin de mettre autant de distance possible entre lui et elle, en un minimum de temps. Mais quand la voix mélodieuse du Préfet parvint jusqu’à elle, elle ne put s’empêcher d’écouter ce qu’il avait à dire. Elle fit un pas de plus, sans grande conviction, puis s’immobilisa, droite comme un I, les bras toujours croisés sur sa poitrine. Elle avait la chair de poule. D’ailleurs, un frisson ne tarda pas à descendre le long de sa nuque, en faisant frémir ses longs cheveux blonds.

Pourtant, elle n’avait pas froid. Elle avait même plutôt chaud. Quand elle pressa le dos de sa main droite contre sa joue, pour tenter d’élucider ce mystère, elle constata que la peau était brûlante.

Elle comprit soudain qu’elle était en train de rougir comme une idiote, ce qui n’arrangea pas les choses. La gêne se mêla au plaisir sur ses pommettes, et un joli rouge carmin s’étala sur ses joues. Corne de dragon, il la trouvait « jolie » ! Et même si jolie qu’elle aurait du mal à tenir les garçons à distance ! Elle ne se sentait plus triste, tout à coup. Elle se sentait même plutôt heureuse. A nouveau, elle marchait sur un petit nuage. Et à nouveau, elle se sentait ridicule.

Elle inspira profondément, puis tourna la tête vers Gaëlys. Elle ne prit pas la peine de se retourner tout à fait, pour que la conversation avec le Préfet ne s’éternise pas.

« Bien sûr, qu’il en vaut la chandelle » déclara-t-elle, les yeux brillants. « As-tu déjà vu une créature aussi noble, aussi magnifique qu’une licorne ? »

Et puis, on ne pouvait pas se fier aux garçons. Elle les entendait parler entre eux, au détour des couloirs, et était bien contente de ne pas être à la place de leurs copines, dont ils parlaient parfois en termes peu flatteurs.

« Je serai forte. Je sais que je peux le faire, et je veux le faire ! »

Ragaillardie par cette idée, elle offrit un grand sourire à Gaëlys.

« Ne te fais pas de souci pour moi »

Puis elle se détourna à nouveau et s’éloigna. Elle n’avait pas le cœur en peine, elle n’avait pas le cœur en joie, elle se sentait complètement tourneboulée, mais ce n’était pas bien grave. Elle connaissait ce genre de maux, et savait qu’un bon bol d’air frais la mettrait sur le chemin de la guérison.