ASSEMBLEE GENERALE

« Finchley s'est absenté pour la journée ! »

La nouvelle, comme une traînée de poudre, avait rapidement fait le tour du château. Personne ne savait vraiment qui avait été le premier à donner l'information, toujours est-il qu'elle fût accueillie comme l'annonce d'un jour de fête pour la plupart des élèves de Poudlard. Officiellement, le nouveau directeur avait d'importantes affaires à régler au ministère, et il n'était pas prévu qu'il revienne avant tard dans la journée. La plupart des élèves, cependant, n'avait rien changé de leurs habitudes. Les premiers cours de la journée étaient aussi pleins d'adolescents endormis qu'à l'accoutumée, les couloirs toujours aussi grouillants, quoique l'atmostphère un peu plus extatique qu'à l'ordinaire. Et pour cause : une infime partie de la population à Poudlard, un bataillon de rebelles (presque) anonymes n'avait pas perdu de temps pour entrer en action. Un peu partout dans Poudlard, sur des parchemins dupliqués par sortilège et affichés dans les Salles Communes, sur les portes de salle de cours, déposés sur les longues tables rectangulaires de la Grande Salle, on pouvait lire ceci en lettres scintillantes :

Citation :

ASSEMBLEE GENERALE

RDV à 12h dans la Grande Salle pour le retour de William Kay.

Les parchemins n'en disaient pas plus. Et il était impossible de les faire disparaître : si vous essayiez de dérober un de parchemins, il s'autodétruisait automatiquement dans votre main pour réapparaître comme par magie à l'endroit où vous l'aviez pris.

Midi. Les élèves affluaient dans la Grande Salle. A l'entrée, des élèves tendaient des pétitions en faveur du retour de l'ancien directeur. Les blasons des quatre maisons avaient disparu, et la disposition de la salle elle-même avait été changée : les tables avaient été poussées contre les murs, des bancs et des chaises faisaient face à la table des professeur, seul élément de la pièce qui semblait immuable. Derrière ladite table, quatre élèves, un de chaque maison, présidaient la réunion. Une petite préfète blonde au poignet plâtré, un grand blond au charme vélan, un grand brun séduisant aux couleurs de Gryffondor et une petite Serpentard au regard déterminé.
Au milieu de la Grande Salle, suspendue par rien au plafond magique, une grande banderole clamait, dans les mêmes lettres scintillantes que celles des parchemins : TOUS EN GREVE.

Le vacarme dans la Grande Salle était assourdissant. La plupart s'étonnaient des conditions exceptionnelles de cette réunion, certains s'exaltaient dans un élan révolutionnaire, d'autres se plaignaient de l'absence de leur déjeuner.
Au bout de quelques minutes, lorsque la Salle lui sembla suffisamment pleine pour ouvrir l'assemblée, la petite préfète de Serdaigle se leva, tendit sa baguette magique qui lança une jolie, et surtout bruyante myriade de feux d'artifice. L'attention du public était gagnée. Liberty jeta un oeil à ses camarades, comme pour leur demander leur approbation, puis, à l'aide d'un sortilège amplifiant le son de sa voix, celle-ci raisonna, claire et forte, dans la Grande Salle.

"Que ceux qui sont pour le retour de William Kay lèvent la main !"

Une forêt de main. En réponse à la question de la préfète de serdaigle, c'était littéralement une forêt de main qui s'était élevée, tandis qu'un peu partout dans la grande salle, des cris retentissaient. Tout ému par ce combat qui mettait enfin la plupart des habitants du château d'accord, Liam Ferson, rédacteur en chef du journal de l'école, avait également levé le bras, sans toutefois participer au brouhaha ambiant. Le serdaigle aurait pu avoir fier allure, assis bien droit sur son banc, l'uniforme impeccable et le menton haut si seulement l'arrête de son nez n'avait pas arboré une belle teinte pourpre violacée. Les aléas de partager son dortoir avec des sanguins... Ce devait être la saison car à la table des présidents de séance, Liberty n'était pas en reste avec son poignet bandé, et chez les serpentards, au moins deux d'entre eux semblaient avoir souffert au niveau nasal.

Le rédacteur en chef toussota pour s'éclaircir la voix. Il n'adorait pas particulièrement prendre la parole devant un public si nombreux, mais il n'avait pas le choix. Se levant, il croisa le regard de sa préfète, afin de lui faire comprendre qu'il avait quelque chose à dire, puis tandis qu'elle essayait de faire baisser le niveau sonore de la salle, s'adressa à ses compagnons :

"Excusez-moi... EXCUSEZ MOI ! J'ai certaines informations à vous communiquer avant que la réunion ne commence vraiment..."

Attendant quelques secondes pour être sûr d'avoir capté l'attention de tout le monde, il continua :

"Voilà... Comme certains le savent, je suis le rédacteur en chef du Poudlard étudiant. La première édition sortira demain, et elle est évidemment consacrée aux évènements un peu particuliers de ce début d'année. J'avais décidé, malgré mon affection pour M. Kay, de laisser une chance à M. Finchley, et de rester aussi objectif qu'on bon journaliste doit l'être."

Pause.

"Il s'avère que même en essayant d'être objectif, je suis finalement parmi vous aujourd'hui. Je pense que vous serez tous capable de comprendre mon choix, en lisant le journal de demain. Et c'est là que je veux apporter une précision. Finchley a apparemment oublié ce qu'était la liberté de la presse. Nos articles sont contrôlés. Afin de vous apporter l'exacte vérité, cette édition est un peu particulière. P.17, vous trouverez une pub pour des patacitrouilles. Si vous tapotez le troisième en partant de la gauche avec votre baguette..."

"Il apparaîtra en vrai !" S'exclama une voix, suivie de rire. Liam lança vers son propriétaire un regard pesant avant de reprendre :

"Non, mais par contre, vous accéderez à des articles supplémentaires. Ceux que Monsieur Finchley voudrait bien ne pas voir figurer."

De nouveau, le jeune homme recroisa les yeux de sa préfète. Tout comme elle, il arborait un regard farouche. Et pourtant, merlin seul savait qu'il en fallait beaucoup pour faire sortir Liam Ferson de ses gonds. Faisant signe qu'il avait fini, le garçon se rassit, les lèvres serrées. Il aurait voulu dévoiler à tous ses camarades les projets du nouveau directeur pour les enfants moldus, mais il avait peur de ne pas être capable de garder son calme, et qu'une réunion censée aider à prendre des décisions en toute intelligence devienne complètement incontrôlable.

Depuis le début de la journée l'atmosphère dans le château était électrique. En apparence tout semblait ordinaire ou presque. Mais si on prêtait un peu plus attention à certain détails, on pouvait surprendre des petits rouleau de parchemin passer de mains en mains, des pétitions se rassembler dans les sac de certains élèves et une étrange suractivité au sein du corps étudiant de Poudlard.
Chez les Serdaigles c'était le branlebas de combat depuis l'aube. Lib était passé dans le dortoir de Magdalena le matin même et l'avait chargé de rejoindre deux de ses camarades pour une mission. Il y avait à peine deux heures, Lena était encore en train d'afficher les parchemins que Liberty leur avait confiés sur les panneaux d'affichages du château avec Maël et Klarann, et de les protéger avec application par les sortilèges que Gabriel venait de lui apprendre. Entre l'excitation de Lib et l'hystérie de son frère ainé, Magda devait à sa grande patience d'avoir comprit l'intégralité de ce qu'on lui demandait de faire. La jeune Serdaigle était très fière de la confiance qu'ils avaient placé en elle. Elle faisait partie des plus engagés de l'école mais il n'était pas facile de trouver sa place et de l'imposer avec des frères pareil. Elle avait grandit et ça lui faisait tout drôle de le réaliser.

A la sortie des cours la jeune Warenn avait rejoint la grande salle avec ses deux frères. Elle les avait perdu de vue en se frayant un chemin dans la foule. Contrairement à ce que l'on aurait pu croire, une grande partie de l'école était venu assister à l'assemblée. Certain par ce qu'ils avaient choisit leur camp: Mr Kay point barre. D'autres parce qu'ils étaient encore indécis.
Enfin on pouvait parler à voix haute, échanger les opinion sans craindre d'être mis en retenue ou pire exclus, fini les chuchotement et les rumeurs, aujourd'hui place au débat. Et une chose certaine Magdalena était d'humeur rebelle.

Les yeux fixés sur l'ancienne table des professeurs derrière laquelle siégeaient les membres de l'équipe de présidence, la jeune fille cherchait distraitement une place. Le beau Gaëlys représentait les Poufy, Zachary la maison des Griffons, Lib celle des Serd et la jeune fille du scandale de la rentrée, que Magda ne connaissait pas, devait être la porte-parole des Serpents. Un véritable rassemblement, voilà ce que c'était. Il y avait dans la salle presque tous les élèves et chose surprenante, apparemment, pas un seul professeur n'était là.
Lena tentait de repérer une tête connu quand son cœur fit un tour dans sa poitrine. Son regard sombre s'était posé sur la nuque d'un charmant jeune homme. La Serdy s'installa un rang derrière Liam Ferson. Quand la voix de Lib s'éleva, il eu comme une explosion de cri, Magda leva énergiquement sa main avec tous les élèves. Presque tous. Le garçon assis à sa droite la regardait avec un dédain sur-joué.

*Il y en a donc qui ne sont pas favorable au retour de Kay... Surement un Serp!*

A la surprise de la Serdaigle, Liam se leva et pris la parole. Ses poils se hérissèrent, puis toute euphorie retomba quand Liam aborda le sujet pour lequel il s'était levé devant l'assistance.

" Quelle honte! Voilà qu'on était censuré à présent. murmura-t-elle. "

Lena soupira devant l'intervention stupide d'un élève. Les élèves semblaient remontés à bloc et le discourt de Liam avait ré enclenché le brouhaha. Lena profita du bruit pour signaler sa présence à son ami. Elle se pencha en avant et lui serra doucement l'épaule, puis articula à coté de son oreille pour que sa voix couvre le bruit ambiant.

" Ça va mieux ton nez? C'est quoi ces histoires de censure? "

Ils furent interrompu par Liberty qui demandait à nouveau le silence. Magda reporta son attention sur l'estrade improvisée.

Un brouhaha régnait dans les locaux de Serpentard quand les derniers élèves rentrèrent du petit déjeuner pour prendre leurs affaires de cours dans les dortoirs. Jamais autant d’élèves aux écussons vert et argent ne s’étaient trouvés réunis le matin dans la salle commune. Ça discutait sec, certains groupes s’enthousiasmant, d’autres complotant, d’autre encore argumentant et contre-argumentant pour défendre son point de vue, visiblement près d’en venir aux mains. Surpris, un grand garçon aux longs cheveux blonds réunis sur sa nuque par un ruban d’un vert profond s’était faufilé jusqu’au plus fort de la masse pour pouvoir lire une affiche, ce qui, vu sa haute taille, ne fut pas compliqué.

« Une réunion à midi… Les imbéciles à quoi ils pensent… »

Contrarié, Samuel se dégagea de la foule pour aller chercher ses bouquins, évitant soigneusement les alentours du dortoir des filles puis ressortit des locaux de Serp pour gagner son premier cours. Juju était encore au petit déjeuner et lui n’avait pas le temps d’aller le prévenir s’il voulait être à l’heure aux serres. Tant pis. Julien serait mis au courant par d’autres, certainement.

D’humeur sombre, Sam avait suivi ses trois heures de cours de botanique, à moitié là, à moitié ailleurs, perdu dans des pensées changeantes pleines de ressentiments. A la cloche de fin des cours, il fut un des premiers à sortir mais aussi un des derniers à arriver dans la grande salle, le chemin entre les serres et le château l’ayant un peu retardé. Tandis qu’il avançait sur le côté gauche des rangées de chaises, il écouta Liberty qui avait commencé de parler. Il s’assit à la droite de Julien en même temps qu’une forêt de bras de levait, le sien suivant, bien sûr. Le Serdaigle rédacteur du Poudlard Etudiant avait pris la parole, Sam en profita pour observer autour de lui. Les préfets présidaient la séance… Il se figea soudain.

« Mais qu’est-ce qu’elle fout là ? »

Sans poser la question à quiconque d’autre qu’à lui-même, il gardait son regard fixé sur Mélusine, déterminée, à côté de Cornwell. Elle représentait Serpentard ? Mais et les autres préfets ? Samuel se retourna et put voir Hiyo et Sylvaen près de l’entrée, De Burgess et Wilson chacun d’un côté de l’assemblée. Pas de trace de Lynn. Surprenant. Sam ramena son regard sur la table et sur Mélusine. Un flash lui fit revoir l’étrange décoration du baldaquin du lit de sa demi-sœur. Kay. Il fronça les sourcils, se demandant ce que ça signifiait. Ferson avait repris sa place, conversant maintenant avec la jeune Warenn juste derrière lui.
Samuel se leva à son tour, perche au milieu des élèves assis. D’une voix forte, il interpela Liberty.

« Vous êtes dingues ou quoi d’avoir fait cette réunion si tard ? Ca servait à quoi d’aller en cours ce matin si vous voulez qu’on fasse grève ? Soit on fait les choses en grand soit on accepte la dictature ! Vous faites toujours les choses à moitié ! »

Le Serdaigle assis juste à côté de lui, une espèce d’intello dandy aux cheveux mi-longs, s’était levé aussi prenant la parole sans le laisser terminer.

« Il fallait bien que tout le monde puisse être au courant, la précipitation n’est pas une bonne chose dans ce genre de… »

« Toi ta gueule ! On était tous au courant à 9 heures !»

D’une main posée sur la tête de l’emmerdeur, Sam l’avait remis à sa place, aussi bien dans le sens propre et le sens figuré. Il reprit, s’adressant aux préfets.

« Y’a quoi dans le journal ? Pourquoi faut attendre demain ? On n’est pas là pour être mis au courant ? Y’a des rumeurs, moi j crains pour mon cul de sang mêlé et j dois pas être le seul. Il prépare quoi Finchley ? On n’arrivera à rien à rester assis là comme des cons ! Faut se bouger ! Ca fait presque 4h que c’est affiché votre bordel là, y’a surement des lèche-culs qui l’ont prévenu, il va rappliquer c’est certain ! Moi j’propose qu’on bloque les accès à Poudlard avec l’aide des profs ! » D’une main tendue, il pointa Rogue dans un coin de la salle.

« On va tenir un siège jusqu’à ce que Kay revienne ! »

Liberty etait toujours debout. Mais même ainsi, elle paraissait assise comparee aux trois autres presidents. La Grande Salle avait répondu avec énergie à son cri de rassemblement, ce qui lui laissa espérer qu'ils parviendraient vite a une decision, peut être pas unanime, mais au moins largement approuvee par l'école.
Elle capta le regard des autres présidents, comme pour essayer de deviner leurs pensees, mais ils paraissaient aussi serieux qu'elle, parfaitement impassible. Ils avaient voté la neutralité avant de commencer cette assemblee -et les quatre heures de battement entre la pause des affiches et le debut de la reunion avait failli ne pas suffir.
La petite prefete faillit oublier de se rassoir lorsque le premier eleve prit la parole -et pas n'importe lequel, elle savait que Liam etait un garcon serieux et n'allait pas prendre cette assemblee pour une blague- mais se laissa aussitôt tomber sur sa chaise lorsque Gaëlys emit un discret bruit de gorge pour la rappeler a l'ordre.
Apres l'intervention de Liam, une nouvelle vague de brouhaha deferla sur la Grande Salle, bientôt coupée par une voix reconnaissable entre mille.
La voix de Sam s'eleva dans la Grande Salle, pleine d'indignation. Un murmure d'approbation suivit ses paroles, et l'on put entendre rire et aplaudir lorsque le Serpentard coupa net l'intervention d'un autre eleve.

"Tout le monde a le droit de ..."

A l'instar du dandy au brushing, ses paroles furent ignoree par le Serpentard. Mais il avait vise juste, et les reactions dans l'assemblee, aprobatrices ou pas, se firent clairement entendre.
Des têtes surgirent de partout, de vifs eclats de voix se multiplierent au même moment, et il fallut l'intervention des presidents pour tenter de ramener la foule a l'ordre.
Les mots de Sam resonnaient encore dans l'esprit de Liberty. L'accusion sur leur mauvaise organisation l'avait touchee comme un coup de batte derriere la tête, bien que justifiee. Ils avaient mise sur le fait que, même si Finchley revenait avant ou pendant l'assemblee, la loi interdisait d'empêcher ce genre de rassemblement. Dans les grandes lignes du moins. Il faut dire qu'ils n'avaient pas vraiment eu le temps de parcourir les textes de loi entre le moment ou ils avaient appris l'absence de Finchley et celui ou ils avaient decide d'improviser cette assemblee. Par chance, le directeur semblait jusqu'ici ne pas avoir eu vent de ce qu'il se passait a l'ecole. Mais Sam avait raison -elle sentit son estomac se contracter d'excitation- Finchley ne laisserait jamais une assemblee comploter contre lui, et il etait tres probable que tous les participants seraient severment punis. Quand aux organisateurs, elle ne preferait même pas imaginer quel sort il leur reserverait. Mais elle se voyait deja devoir faire ses valises.

Le plus important, si l'on y reflechissait froidement et intelligemment, etait de rendre la parole a Liam, qui detenait de toute evidence des informations capitales et inedites. Mais elle ressentit comme le besoin urgent de proteger cette reunion -et par la même occasion sa peau- mais surtout de faire enfin eclater au grand jour leur opinion.

En apparte, elle se tourna vers Gaëlys, Zach et Melusine et s'adressa a eux le plus discretement possible malgre le vacarme ambiant.

"On est sences être toujours neutres la ? Parce que je sais pas pour vous, mais moi je suis a cent pour cent avec l'idee de Sam."

°Au cri de Gamegie, Elain se tourna vers Matthew qui venait de s'installer discrètement à coté d'elle. La jeune femme était debout le pied contre le mur dans un coin de la salle.
Lorsqu'elle était passé devant un des panneaux d'affichage à la pause de dix heures, avant de rejoindre son cours, un parchemin avait attiré son attention. Elle n'avait pas le temps de passer par la salle des professeurs et avait donc décidé de se rendre directement à cette Assemblée improvisée par les élèves.
Elain s'était faufilée dans la foule, passant un peu inaperçu parmi les élèves. Passer pour plus jeune qu'elle n'était pouvait avoir ses avantages. Les élèves ne la connaissait pas encore bien, seuls quelques uns avaient levé un sourcil en se tournant vers le fond de la salle où elle s'était installée.
Depuis son retour c'était l'effervescence dans le château. Elle avait à peine eu le temps de s'installer dans ses appartements et son bureau que les cours avaient commencé. Le nouveau directeur mettait la pression sur l'équipe enseignante et il n'y avait pas intérêt à faire un pas de travers. Malgré le soutien évident et bienveillant de Melle Ombrelune, la tension était à son comble. Toute à ses occupations, la jeune femme n'avait même pas pu saluer ses anciens camarades.
Alors quand Matthew se faufila à ses coté son sang ne fit qu'un tour. °

*Mince alors! Il a changé...*

°Matthew qui n'était déjà pas vilain garçon était devenu beau et charmant. Son air sérieux lui donnait un charisme à couper le souffle. Un sourire en coin se glissa sur les lèvres de la jeune fille quand leur regards se croisèrent. Elle cessa de jouer avec son briquet dans la poche de son jean. La discussion pour les retrouvailles serait pour plus tard. Les élèves était électrisés par l'intervention du Serpentard. Celui-ci devant ses camarades comme dans son cours n'avait pas la langue dans sa poche, et il ne mâchait pas ses mots. Le doigt toujours pointé sur l'ancien camarade de maison de Lain, il se tenait droit comme un i et semblait bouillir de l'intérieur.
Elain se pencha doucement vers son collègue.°

"Pour une entrée discrète c'est raté je crois..."

°Les présidents de l'Assemblée essayaient de ramener le calme dans la salle, et la petite blondinette semblait perdre de son impassibilité et de sa retenue. Préfète des Serdaigles et capitaine de leur équipe de quidditch comme le mentionnait son dossier, qu'Elain avait attentivement étudié comme ceux de chaque responsable de maison, avait l'air d'être sacrement énergique.
Maintenant une question se posait. Étaient-ils censés intervenir? La jeune anglaise était venu car il lui semblait évident que sa place était ici, mais il était peut être préférable de laisser Matthew prendre les initiatives. Cela semblait logique, il connaissait mieux l'école et les élèves. Pour un début dans le métier, la situation était impressionnante à gérer. L'ancienne Gryffondor posa son pied au sol sans décroiser les bras sur son chemisier et jeta un regard interrogateur à Matt. °

La Grande Salle semblait sur le point d'exploser tellement l'atmosphère se faisait tendue. Mélusine en tremblait presque. La suggestion de son ex-meilleur ami était particulièrement tentante et Liberty était manifestement prête à plonger la tête la première dedans. Et cela démangeait fermement la serpentarde d'en faire autant...

Oui mais...

Oui mais dans les rangs tout le monde ne semblait pas d'accord. Et il valait mieux les convaincre pour qu'ils se joignent à leur lutte avant de les crisper sur des détails purement matériel. Dans le brouhaha, Mélusine fit non de la tête à Liberty.

- Pas question qu'on donne du grain à moudre à Finchley. Si des élèves se plaignent c'est la fin.

Mél sortit sa baguette de sa poche et la pointa sur sa gorge. Le sonorus fit résonner la voix de la sorcière dans toute la salle.

- Du calme. Avant toutes choses, je crois que Liam a des informations à nous transmettre. Après seulement, vous déciderez si vous souhaitez revoir William Kay. Pas simplement parce que c'était le meilleur directeur que Poudlard ait connu, mais parce que Finchley est un danger pour nous. C'est pour nous que nous nous battons. Pour dire non à la discrimination et aux pensées dignes d'un Voldemort qui se trouvent dans la tête de cette larve. On t'écoute Liam.

D'un mobilicorpus habile, Mélusine amena le Serdaigle sur la table des professeurs et posa sa baguette contre son cou pour augmenter le volume de sa voix. Dans l'oreille du garçon, elle souffla:

- Et soit convaincant.

Pour toute réponse, Liam n'eut que le temps de renvoyer un léger sourire rassurant à son amie, sourire un peu rougissant, il est vrai, car le temps passé à l'infirmerie lui avait servi, une fois ses esprits récupérés, à se monter toute sorte de film pour combler les blancs de sa mémoire. Et s'il n'eut pas le temps de pousser sa réponse, c'est que déjà, une serpentarde lui mettait la main -ou plutôt la baguette- dessus, le forçant à monter debout sur la table face à l'assemblée. Cette fille était proprement effrayante, même pour lui qui n'avait jamais été d'un naturel très impressionnable. Lentement, les yeux du garçon balayèrent les rangs peu disciplinés de ses camarades. Une gryffondor et un serpentard commençaient déjà à se battre au sujet de la grève, et se raclant la gorge, le sorcier se décida à prendre la parole. D'abord surpris par le volume de sa voix, il gagna ensuite en aisance :

"Au risque de déplaire à certains, l'idée d'une grève ne m'emballe pas non plus..."

Regard rapide à Melusine, toujours derrière lui, et il reprit rapidement avant qu'elle décide de lui lancer un sortilège plus douloureux qu'un sonorus.

"Cependant, je suis d'accord avec la plupart d'entre vous, je n'aime pas Finchley. J'ai essayé de ne pas le condamner trop vite, mais je ne PEUX pas être en accord avec sa vision de l'école. Si certains se posent la question, les informations que je vais vous communiquer, c'est de sa bouche que je les tiens, je l'ai interviewé il y a quelques jours..."

Reprenant sa respirant, le serdaigle essaya de calmer les tremblements de sa voix. Il ne fallait pas qu'il laisse passer sa rage. Il ne fallait pas qu'il laisse percevoir à quel point il avait été choqué. Il ne voulait que son émotion empêche les autres de bien comprendre ce qu'il allait leur dire :

"M. Finchley a beaucoup d'idées pour l'école. Certaines sont tout à fait envisageables, de mon point de vue. Mais les plus importantes concernent les enfants nés de moldus."

Malgré ses efforts, son débit était révélateur de la colère qui l'animait.

"D'après M. Finchley, les nés de moldus devraient se trouver dans des classes à part. D'après M. Finchley, les nés de moldus n'ont pas les mêmes capacités que les nés de sorciers. Son grand projet, c'est de nous parquer, dès la première année, tous ensemble, afin de que nous suivions un "module d'adaptation à la vie sorcière". Bon. A la rigueur, j'imagine que d'apprendre qu'ils avaient des pouvoirs en a perturbé plus d'un. Mais pour cela, M. Finchley compte alléger le programme de cette classe pour les matières dites fortes : enchantements, défenses contre les forces du mal, métamorphose... Parce que, et je cite..."

Ses dents s'étaient serrées mais ses derniers mots furent cependant parfaitement audibles de tous grâce au sort de Melusine :

"Ces matières ne sont pas à notre portée."

Des informations avaient filtrées. Et pas de n’importe quelle source… Fallait-il être idiot pour balancer tout ça au journal de l’école ?

Adossé à un mur dans un coin de la grande salle qu’il avait gagné parmi les derniers arrivants, Matthew regardait tout le remue ménage. A leur table les « meneurs », car la présence de Zarazir ne permettait pas d’employer le mot préfets – et c’était peut-être mieux ainsi-, semblait garder le contrôle de la situation. Ferson avait eu la parole, tentant de ne pas révéler trop de choses mais la colère perçait dans sa voix changeante, ce qui avait amené des questions. Naturellement.

Si l’intervention de Gamegie l’avait fait sourire par sa spontanéité et son langage fleuri, ce que le Serpentard proposa lui fit froncer les sourcils. Bloquer Poudlard ! A quoi pensait-il donc ?

Voyant qu’on le prenait à partie, Matthew se contenta de garder un silence et son regard fixé sur le serpent. La salle s’était enflammée, pendant que le doigt de Gamegie restait pointé sur lui, des applaudissements éclataient et des voix s’élevaient, certaine approuvant d’autre manifestant leur désaccord avec la proposition de siège. On retrouvait les téméraires, les prudents, les inconscients et les réfléchis. Même si tout le monde avait le même objectif, ramener William à son poste, les avis divergeaient fortement sur la méthode. Un instant, Matthew se dit que William serait très touché de voir un tel engagement pour son retour.

Sa réflexion s’arrêta dans les yeux d’une jeune femme brune qui venait de s’installer près de lui. Par sa taille et son allure, il n’y avait pas fait attention, pensant à une étudiante. Mais le pétillement dans le regard et les paillettes d’or dans les yeux mirent aussitôt un nom sur le visage joyeux qui le fixait. Elain. Déjà en 5ème année, elle avait l’air de n’être qu’en 3ème.

« Elain Blood. »

Il avait entendu Finchley prononcer son nom pour un poste mais ne savait pas qu’elle était déjà arrivée. Le souvenir d’une soirée bien arrosée à la croisée lors de sa 7ème année lui fit revenir un gout de miel sur la langue. Il lui sourit en secouant la tête.

« En effet c’est raté. Mais bon discrétion et Gamegie ne vont pas ensemble. Tu apprendras à le connaître. Bon ret…. »

La voix amplifiée de Mélusine couvrit la fin de sa phrase. Le blond professeur était surpris de la voir prendre parti aussi vivement pour William. Elle donna la parole à Liam Ferson qui expliqua ce qu’il savait c'est-à-dire tout ce que Finchley avait annoncé aux professeurs. On sentait que ce jeune fils de moldus était particulièrement sensible, de part ses origines, à cette discrimination entre sorciers et issus de moldus.

Son intervention fit remonter le niveau sonore de la salle après que celle de Sterenn Wilson l’ait fait redescendre. Wilson faisait parti de ceux qui ne voulaient pas de grève ce qui était le cas pour un bon tiers de l’assemblée. Quittant son mutisme Matthew s’exprima enfin. Sa voix, bien que grave et posée, fit aussitôt régner le silence dans la salle.

« Mademoiselle Wilson a raison. Bloquer Poudlard serait une erreur. Je comprends parfaitement que tout ceci vous révolte et c’est tout à votre honneur que de vouloir l’égalité et la justice. Mais la force n’est pas la solution. Monsieur Finchley ainsi que certains de ses supérieurs se feront une joie d’exclure les perturbateurs qui, vous le verrez, ne seront surement pas de sang pur. Ne lui donnez pas de bâton pour vous battre. Soyez plus intelligent que lui. En tout cas, et bien que ma cause soit tout à fait ralliée à celle de Monsieur Kay, je ne vous aiderai pas à bloquer Poudlard. Désolé de vous décevoir Monsieur Gamegie, mais c’est pour votre bien, d’autant que votre dossier est déjà lourd… »

La blonde Serdaigle était quelque peu frustrée que l’idée de grève soit rejetée. C’était un peu son idée à elle, cette banderole suspendue au plafond magique. Les autres avaient paru plus ou moins emballés, mais ils l’avaient finalement créée. Liberty rêvait d’une révolution "coup de poing" et sans compromis, et le fait que tout le monde ne partage pas cet avis l’agaçait prodigieusement.
Le discours de Sterenn, notamment, lui fit grincer des dents, et pas uniquement parce que c’était l’une des plus jolies filles à loucher sur son petit ami. Pour une Gryffondor, elle manquait sacrément de courage ! Elle crispa ses doigts sur le bord de la table des professeurs, tentant de calmer ses nerfs mis à l’épreuve.
Le calme et l’intelligence avec laquelle Mélusine prit en main le débat la surprit, non pas qu’elle l’eut prise pour une hystérique, mais Liberty savait à quel point le retour de Kay tenait au cœur de la Serpentard, du moins elle pensait en avoir une idée assez précise. Il était donc étonnant que Mélusine puisse se montrer si diplomate alors qu’elle-même, si elle en avait eut la possibilité, aurait déjà bloqué toutes les entrées de Poudlard et envoyé une lettre de rançon au Ministère exigeant le retour du directeur.
Avec attention, elle écouta les révélations de Liam. Comme beaucoup, elle en resta bouche bée. Elle s’était déjà fait une idée des tendances anti-moldues de Finchley lorsque celui-ci avait refusé à Take le droit de concourir pour un diplôme moldu, mais le fait que ces informations, beaucoup plus concrètes, sortent de la bouche de Liam donnaient à la chose un côté officiel.
Elle échangea un regard avec Zach, de l’autre côté de Gaëlys. Tous deux enfants de moldus, ils savaient parfaitement ce que cet apparteid pouvait représenter. Même si ils ne seraient bientôt plus concernés par cette manœuvre du Ministère de l’Education Magique parce que presque en fin de scolarité, il était fort à parier que la génération suivante, donc le petit frère de Zach entre autres faisait partie, allait payer le prix de cette discrimination, même plus tard dans leurs vies de sorciers adultes.
Alors que le niveau de la salle repartait de nouveau en raz-de-marée de protestations, la vague retomba doucement, et Liberty compris vite pourquoi : au fond de la salle, le professeur de Potions avait pris la parole. Son cœur se serra légèrement. Savoir Rogue de son côté, comme probablement d’autre professeurs qui avaient dû choisir d’ignorer l’AG, donnait une toute autre envergure à ce rassemblement. Cela faisait beaucoup plus crédible, d’un coup.
Mais alors que le professeur terminait à peine ces mots, un grand cri s’éleva en provenance du hall, faisait se retourner toutes les têtes de l’assemblée.

« DISPERSION !! »

Un retardataire venir d’arriver. Un Poufsouffle au visage cramoisi par l’effort, au souffle court et se tenant les côtes d‘une main comme s’il souffrait d’un point de côté, de l’autre s’appuyant contre la porte de la Grande Salle, se tenait là, haletant. Et pour cause : il arrivait tout droit de la Tour d’Astronomie où il avait été chargé de faire le guet.

« Finchley arrive, » réussit-il à articuler entre deux souffles, « quelqu’un a dû l’avertir, il est déjà dans le parc ! »

Pour tous aujourd'hui, et même s'il avait mis un peu plus de temps que les autres à s'impliquer complétement, il était de notoriété publique que Zachary faisait partie intégrante du petit nœud de résistants les plus actifs. Et s'il trônait ce midi à la table des professeurs, ce n'était pas QUE en sa qualité de préfet : toute la matinée, on avait pu le voir coller des affiches (au lieu d'aller en cours de potion, zut alors, c'était trop bête, sa matière préférée ._.), comploter avec Liberty et haranguer les foules (surtout les groupes de minettes en fait) pour les inciter à être dans la grande salle à midi. Oui oui, même si vous vous en fichez que Kay revienne, on a besoin de l'avis de tout le monde ! Impliqué donc, Cornwell l'était, et à présent qu'il entendait les propos de Liam, il songeait sérieusement à abandonner son rôle de préfet sage bien que concerné pour endosser le costume du révolutionnaire extrémiste. Après tout, qui se plaindrait que cet abominable type tombe dans les escaliers ??

Le regard noir du gryffon croisa celui de la petite blonde de serdaigle et incapable de murmurer quelque chose tant sa mâchoire et son visage d'habitude si avenant était crispé, il se contenta de secouer la tête, grimaçant. Non, c'était impossible qu'il fasse ça. On ne pouvait pas lui laisser prendre ce genre de décision, c'était criminel. OK, lui-même était une bille dans la plupart des cours, mais ce n'était pas le cas, et de loin, de tous les enfants de moldus ! Les poings serrés sur la table, Zachary se leva brusquement de sa chaise, mais il n'eut pas le temps de s'exprimer à propos de ses nouvelles ou des débats en cours car un l'élève de guet déboulait dans la grande salle, essoufflé. Et merlin, il ne manquait plus que ça : tout le monde était échauffé, mais ils n'avaient plus le temps de voter une quelconque décision. Prenant les choses en main, le gryffondor monta debout sur la table et lança un Sonorus :

"ON SE CALME ! Il est midi, c'est normal qu'on soit beaucoup ici ! Ceux qui ont déjà mangé, vous évacuez en premier, éparpillez vous dans le château à des endroits où vous pourriez logiquement être à cette heure ! Les autres, vous faites semblant de rien, vous bouffez, vous parlez de cours et c'est marre !"

Ses directives les plus urgentes lancées, Cornwell prit un instant pour reprendre son souffle puis décida de donner un semblant de conclusion à cette réunion :

"On aura pas eu le temps de décider grand chose, mais c'est pas grave, les informations qu'on a eu en valaient la peine... A propos de ça, les fils de moldus et les sangs mêlés vont me faire le plaisir de ne plus sécher aucun cours et de se défoncer autant que faire ce peut ! Il croisa le regard ironique de Rogue. Oui, je me compte dedans ! Et de préparer psychologiquement leurs parents à envoyer des lettres de protestation ! On a réuni toutes les pétitions y a quelques jours et on les a fait parvenir aux journaux et au ministère, mais pas de nouvelles de ce côté, on fait pas le poids à cause du réseau de monsieur ! Alors on va faire s'écrouler son bureau sous les beuglantes ! Et celui du ministre aussi ! Réunion ajournée, vous serez vite prévenu pour les prochaines, on va ptet se débrouiller en en faisant plusieurs petites..."

Mettant fin à son sort, le jeune homme redescendit de sa table, le visage sombre. De nouveau son regard croisa celui de Liberty :

"Ah merde, les affiches..." Murmura-t-il en se rappelant de leur présence. L'heure du rendez-vous passée, elles avaient dû redevenir blanches, mais Finchley serait peut-être surpris de voir autant de parchemin vierges affichés, et Zach remonta sur la table :

"Si vous voyez des affiches, arrachez les ! Et on a besoin d'une dizaine de volontaires pour nous aider à faire le tour du château plus systématiquement !"

Plusieurs personnes s'empressèrent rapidement autour de la table et les élèves concernés s'égayèrent ensuite plus ou moins calmement. La réunion était terminée, la grande banderole de la salle avait disparu, mais ce n'était que partie remise.