Dans un coin calme, vers les miroirs

Absolument ravi!
Samuel avait été absolument ravi quand Sylvaen lui avait expliqué son projet, cela avait d'ailleurs illuminé une semaine bien tristounette.

La salle de bains des préfets, endroit mythique par excellence, royaume de tous les fantasmes, palais des mille et une nuits, allait enfin lui ouvrir ses portes! Du coup, il avait été faire le charmeur devant la bibliothécaire pour avoir accès aux livres de potions avancées et à force de sourires et de patience avait eu le droit d'emprunter un des livres de la réserve. A condition de le rapporter sous 24h.

C'est donc plein d'espoirs qu'il s'était levé le matin même, plein d'énergie qu'il avait fait son jogging matinal, plein de bonne humeur qu'il avait pris son petit déj, pleine d'enthousiasme qu'il avait suivi ses premiers cours et plein d'excitation qu'il avait prit le chemin de la fameuse salle de bains des préfets... Peût-être allait-il y croiser un de ses préfets très hot , Gaëlys ou Zachary, en serviette...
Tout rêveur, il arriva devant la porte où Sylvaen, la pourfendeuse de professeur de potions, l'attendait. Il pénétra dans le lieu mystique et fut bien vite déçu de voir la salle vide ._.

Un peu boudeur, il sortit le fameux livre qu'il avait étudié la veille dans son lit, lit dont les défenses avaient été renforcées suite à certaines tentatives d'effraction et autres évènements fâcheux.

"Oui tiens, page 42... C'est vachement grand hein? ... T'as déjà vu Keryann à poil?"

Posant son sac par dessus celui de Syl, il s'était assis sur un lavabo et regardait autour de lui, glissant un doigt sur le robinet chromé et finement sculpté d'une sirène.

"Tu veux faire quelle couleur alors? Fais du vert ! C'est cool le vert ! "

« Oh mais arrête de briser mes rêves dans leur coquilles ! Ca sert à quoi d’avoir une salle de bains comme ça si c’est pour juste y prendre une douche tout seul ? Autant utiliser celles des vestiaires de quidditch, elles sont déjà plus hot d’ailleurs avec tous les beaux mâles qui s’y pressent… »

C’était vraiment nul si la sulfureuse salle de bains des préfets ne venait même plus mettre un brin d’imagination torride dans leur automne triste et Finchlesque.

« Nan pas bleu, on va être en hiver il va faire déjà assez froid comme ça ! Plutôt du rouge, ou du rose… violet à la rigueur mais pas une couleur froide ! Mais faudrait déjà éclaircir un peu non ? quoique je sais pas … »

Samuel, ayant quitté son lavabo, s’était approché et soulevait des mèches de cheveux de Sylvaen pour les faire glisser entre ses doigts et briller dans la lumière. Pour un peu il se serait fait l’effet d’une caricature de coiffeur gay et efféminé. Un sourire fleurit sur ses lèvres à cette pensée puis il se pencha pour mieux voir les mèches qu’il tenait dans sa main et prit une voix de fausset aux notes aigües.

« Oh mon dieu les affreuses fourches ! Vous n’êtes pas allée chez le coiffeur depuis des lustres ma grande ! C’est absolument catastrophique ! Je ne pourrai absolument rien faire sur cette base ! Hop il faut rafraîchir tout ça et égaliser un peu ! »

Tout à son jeu de coiffeur et alors que Syl riait devant son numéro de clown, Samuel sortit sa baguette de sa poche et la pointa sur les cheveux de la Gryffondor. Avant qu’elle n’ait pu dire un mot, il prononça la formule qu’ils utilisaient en botanique pour couper fin. Le rayon magique coupa élégamment les bouts des mèches à la hauteur voulue avant de se refléter sur le fermoir du collier de Syl pour rebondir vers un miroir derrière lui. Heureusement, il s’était penché pour éviter de se le prendre et malgré un courant d’air électrisant dans son dos, il était indemne.

« Ouf ! Il n’est pas passé loin ! Je m’améliore hein ? »

Derrière ses talons, des mèches blondes étaient tombées en un joli tas d’or au dessus duquel finit par se poser un ruban vert coupé en deux.

La brune haussa les épaules

"N'oublie pas que tu parles des Préfets, sages, respectueux des régles, tout ça tout ça"

Et puis elle ajouta avec un petit sourire

"Et franchement tu crois que je te raconterais ce qui se passe ici si on y faisait vraiment des orgies ??"

Elle savait que le Serpentard ne manquerait surement pas de réagir et avait envie de le taquiner un peu. Cependant le couetté était déjà partit pour répondre a la question qu'elle lui avait posé. Syl laissa son ami approcher et prendre quelques mèches de ses cheveux entre ses doigts.

"Les éclaircir ? Tu crois que ca rendrait bien ? Je ne veux pas finir blonde non plus !! Mais châtain pourquoi pas, je ne sais pas si ca m'irai mais bon au pire on peut toujours revenir a la couleur d'origine si ce n'est pas joli... Châtain avec des mèches violettes ? Ou rose ? Ou les deux ?"

Avantage indéniable de la coiffure sorcière il y avait toujours moyen de changer d'avis sans être obligé d'attendre pendant des mois que ca repousse ou de pouvoir couvrir la couleur. Bon sauf quand on avait un sort aussi puissant que celui que Julien se promenait, mais ils ne comptaient pas aller aussi loin, juste une petite potion qui va bien.

Et puis Sam se mit à faire son numéro de coiffeur et la jeune femme se mit à rire doucement puis plus franchement devant les mimiques de son ami, qui faisait une caricature de coiffeur tout à fait convaincante et surtout drôle. Du moins jusqu'à ce qu'il sorte sa baguette magique. Le rire s'étrangla dans la gorge de la préfète et elle ouvrit la bouche pour stopper le Serpentard. Trop tard. Elle ferma instinctivement les yeux - depuis les années qu'ils se connaissaient elle avait apprit a se méfier des talents de Sam en sortilège autant qu'elle avait apprit a lui faire confiance en potion - et attendit de voir quelle catastrophe allait suivre. A sa grande surprise il ne se passa rien. Enfin du moins le plafond ne tomba pas, ni rien de ce genre.

Elle ouvrit les yeux et jeta rapidement un coup d'œil par dessus l'épaule du Serp pour constater qu'il avait réussit a faire précisément ce qu'il voulait, sa coupe de cheveu était rafraichie juste ce qu'il fallait pour enlever les pointes. Bref tout allait bien. Elle sourit et reporta le regard sur son ami pour le féliciter. Et resta la bouche entr'ouverte. Son regard quitta le blond pour aller jusqu'au sol, puis revenir au visage.

"Sam... Je crois qu'il y a un petit soucis..."

Ne sachant que dire elle montra le sol derrière lui d'un geste.

"Sam... Je crois qu'il y a un petit soucis..."

Son sourire s’évanouit aussitôt. Et voilà ! Il était fier de lui, il avait réussi son sort sans décapiter qui que ce soit et sans mettre le château sens dessus, dessous, il avait réussi mais bien-sûr, BIEN-SÛR, il y avait quelque chose à redire. Ca ! Sylvaen ne pouvait pas se contenter de le féliciter, non, il fallait que mademoiselle la perfectionniste y voit à redire, il fallait qu’elle critique, il fallait qu’elle lui montre qu’il lui était inférieur !

« Oui, ben quoi ? Qu’est-ce que j’ai ENCORE fait ? Hein ? Ils sont pas bien coupés ? Y’a une mèche qui dépasse ?»

C’était de la mauvaise foi et dans son fort intérieur, Samuel en était parfaitement conscient, mais il était fier de lui pour une fois, et même si Sylvaen n’était pas du genre à le rabaisser ou à se faire passer pour supérieure aux autres, le fait qu’elle ne s’exclame pas avec enthousiasme sur le fait qu’il avait, pour une fois, réussi son sort, avait énervé le Serpentard. Depuis quelques temps, il devenait très susceptible quand on faisait allusion à ses soucis en sortilèges, il commençait à en avoir marre qu’on se foute sans arrêt de sa gueule et c’est d’ailleurs pour cela qu’il s’entrainait secrètement plusieurs soirs par semaines dans une salle abandonnée du troisième étage. Alors oui, elle aurait du s’exclamer, crier au génie, au miracle, à n’importe quoi mais pas lui dire qu’il y avait un problème ! Surtout qu’il n’y avait pas de problème ! Il venait justement de bien regarder ses cheveux noirs et tout était parfaitement bien coupé. Alors merde ! Qu’elle aille au diable avec son problème !

« Franchement Syl, des fois, j’te jure, tu… »

Instinctivement, il avait suivi son regard et s’était tu, restant en arrêt devant le petit tas de cheveux blonds posé juste derrière lui. Comme si son cerveau refusait d’accepter la réalité, il ne réussit tout d’abord pas à mettre du sens sur ce qu’il voyait. La première question qui lui vint à l’esprit fut : « Qui c’est qu’a mis ça là ? ». Puis son esprit cibla le ruban vert et là quelque chose d’étonnant se passa : il sentit soudain une immense chaleur glaciale l’envahir. Oui c’était exactement ça une chaleur glaciale qui se répandit avec la force d’un incendie dans tout son corps et en même temps le glaça en lui faisant perdre ses couleurs.

« Non. »
« Non… »
« NON PUTAIN DE BORDEL DE MERDE NOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! »

Le serpentard, ex-couetté, continua de hurler en portant ses mains à sa nuque, que frôlait à peine le bout de ses cheveux raccourcis en un carré aux mèches plus ou moins longues.

« C’EST PAS VRAI ! BORDEL DE BORDEL ! NON MAIS C’EST PAS VRAI ! QUEL CRETIN DE PUTAIN DE CRACMOL ! MERDE ! »

De rage, Sam balança sa baguette dans le miroir en face de lui, qui se fissura sur toute sa longueur. Un petit plop accompagna la chute de la baguette dans la gigantesque baignoire-piscine. Il fallait qu’il tape sur quelque chose, qu’il morde, qu’il frappe, qu’il cogne ! Et ce fut un petit présentoir avec un vase posé dessus qui fut l’heureux vainqueur d’un magistral coup de pied dont le choc remonta comme un éclair le long de son pied et de sa jambe, choc dont les conséquences allaient se faire sentir durant plus d’une semaine…

La réponse fusa, sèche et plus qu'a la limite de l'agressivité. Les yeux de la rouge et or s'arrondirent sous le coup de la surprise. D'accord Samuel avait un caractère plutôt... soupe au lait, mais suggérer qu'elle pouvait le considérer comme inférieur a elle - et c'est ce que sa voix sous entendait, il aurait fallut être sourd pour ne pas l'entendre - voila qui était... blessant ? décevant ? Elle ne savait trop lequel des deux en fait, ou peut être les deux à la fois.

Elle n'eut cependant pas à s'expliquer car alors que le Serpentard allait poursuivre sa diatribe - au risque de prononcer des paroles plus blessantes encore - il vit ce qu'elle c'était efforcée de lui montrer. Et ses reproches adressés à la jeune fille se transformèrent en une série d'injures et de reproche adressés à lui même.

Alors que la baguette magique du jeune homme, puis un présentoir portant un vase - lequel s'écrasa sur le sol sans l'ombre d'une hésitation - faisaient les frais de sa colère, un souvenir remonta soudain à sa mémoire et elle retint à grand peine un sourire qu'elle savait malvenu. Pourtant la scène d'un roman qu'elle avait lu quelque temps auparavant et qui parlait d'un sorcier et d'un château qui marchait était si semblable a celle qu'elle avait sous les yeux - y comprit le fait que tout était partit de la salle de bain - qu'elle n'avait plus s'empêcher de faire le rapprochement. Sauf que, Merlin soit loué, on en était pas encore a voir débarquer tout un escadron d'esprits ténébreux....

Elle revint au présent et attrapa le bras de Sam avant qu'il ne casse autre chose, et surtout avant qu'il ne se fasse mal. Et se planta en face de lui jusqu'à ce qu'il la regarde. La colère de son ami ne lui faisait pas peur, elle le connaissait depuis trop longtemps pour ca.

"Eh... regarde moi. Tu n'as rien a voir la dedans et je ne veux pas entendre parler de Cracmol. C'est juste pas de chance, ton sort a du rebondir sur les miroirs"

C'était une supposition car la jeune fille avait fermé les yeux au moment fatidique, mais elle ne voyait pas comment diable le sort avait pu revenir vers Sam autrement. Elle se tu un instant puis ajouta :

"Je trouve que c'est très joli. "

Elle pencha la tête pour mieux voir, d'un côté puis de l'autre.

"Bon il faudra peut être quelques retouches, mais vraiment ca te va bien."

Elle avait de la poigne pour une fille. Samuel avait commencé un mouvement pour dégager son bras mais elle l’avait arrêté. Certes il aurait pu recommencer plus violemment pour qu’elle lâche prise mais il n’était pas assez en colère pour perdre le sens des réalités et lui faire mal. Et puis à quoi bon de toutes façons. Il était nul, il était nul. Point. Baissez le rideau. Merci d’être venu.
Il évita plusieurs fois de croiser son regard qui cherchait le sien mais fut bien obligé, à un moment, de relever le nez pour ne pas passer pour un gamin qui boude dans une cours de récré. Ses sourcils étaient froncés et il ne soutint pas le regard de la préfète bien longtemps.

« Tu parles… J’y arriverai jamais, je vois même pas pourquoi je continue à essayer. »

Un miroir ! Ben tiens ! Pourquoi pas un rebond sur la surface de la lune tant qu’on y était ? Elle avait beau essayer de lui chercher des excuses, il savait bien pourquoi sa couette avait été coupée ras : parce qu’il ne serait jamais foutu de réussir quoique ce soit avec sa baguette ou n’importe quelle autre ! Quand elle lui dit qu’elle trouvait sa nouvelle coupe de cheveux très jolie, il se contenta de hausser les épaules. Quand elle lui assura que ça lui allait bien, le serpentard récupéra l’intégralité de son bras – et de sa liberté du même coup – et alla s’asseoir sur un petit siège. Ce faisant ses yeux tombèrent à nouveau sur les vestiges de son ancienne couette et là le barrage céda. Les coudes sur les genoux, il se prit le visage dans les mains et se retrouva à pleurer comme un gamin et dans ses larmes se déversaient sa frustration, sa déception, son découragement, ses angoisses…

Même si Sylvaen ne lui avait rien demandé, il se mit à parler au milieu de ses reniflements, et il parla longtemps, vidant tout ce qu’il avait sur le cœur. Il lui raconta comment Lynn l’avait à moitié violé après lui avoir déclaré son amour incandescent, et comment elle l’évitait depuis, laissant un vide énorme dans son cœur et dans sa vie.
Il lui raconta Melusine qui s’était révélée être sa demi-sœur, combien tout ça remettait en question sa décision de couper les ponts avec sa famille dès la fin de ses études comme il l'avait déjà expliqué à Sylvaen..
Il lui expliqua ses entrainements de sortilèges, la hargne qu’il y mettait sans y voir aucun résultat probant, « La preuve ! » lui dit-il en désignant son ex-couette sur le carrelage d’une main rageuse.
Il lui dit combien il était perdu pour son avenir.
Il lui raconta qu’il sentait que Julien s’éloignait de lui, au point qu’il en avait oublié leur anniversaire.
Enfin, il avoua sa peur face à Finchley, à son intolérance, au fait qu’en tant que sang-mêlé il devait être dans la mauvaise colonne sur ses fichiers, et son abattement devant leur incapacité à faire revenir William Kay.
Et maintenant sa couette qui gisait comme un oiseau mort sur le dallage !
Il lui dit tout ça d’un trait, passant du coq à l’âne, ne la laissant pas en placer une. Et quand il eut fini, son cœur semblait encore plus lourd.

Quel était l’imbécile qui avait dit que parler faisait du bien ?

Syl se garda bien de ne serait ce que tenter d'interrompre son ami. De toute façon elle sentait bien que tel qu'il était partit elle n'y serait pas parvenue.

La Rouge et Or se contenta donc d'assister au craquage total de l'ex couetté en restant muette. Approximativement au milieu de son vidage de sac en règle elle alla s'accroupir près de lui et lui prit la main, non pas cette fois pour l'empêcher de se faire mal mais pour lui dire qu'elle était la, tout simplement.

Si elle fut surprise par certaines choses qu'il révéla pendant son long discours elle se garda de le laisser paraitre. Pas trop le moment d'en rajouter en posant des questions. Lorsqu'il se fut tu et qu'elle fut certaine qu'il avait dit tout ce qu'il avait à dire, elle se déplaça pour se mettre face à lui et le prit dans ses bras et lui chuchota :

- Samuel Gamegie tu es un imbécile... Je suppose que tu as gardé tout ça pour toi tout ce temps.... Personne ne peut gérer tant de choses tout seul, je suis bien placée pour savoir qu'on ne peut pas porter le monde entier sur les épaules, j'ai essayé aussi et on ne peut pas dire que ce fut une franche réussite... Je ne sais pas ce que je peux faire pour toi mais tu n'es pas tout seul contre le monde entier. C'est clair ?

Elle passa la main dans les cheveux nouvellement courts du Serpentard, dans une caresse amicale. Lui laissant le loisir de se dégager si il en avait envie.

- Personnellement je propose de transformer Lynn en Verracrasse, Juju en plateau de cerises et de jeter Finchley dans le lac. Pour Mel pas de soucis, tu peux faire une croix sur le reste de ta famille et rester en contact avec elle comme tu l'étais avant de savoir qu'elle était ta demi-soeur, je suis sure qu'elle n'y verra pas d'inconvénients. Reste les sortilèges et la même pas peur je suis volontaire si tu veux t'entrainer ^^

Le ton était volontairement léger, bien que le sujet fut des plus sérieux. Mais si Sam pouvait accepter un peu d'aide de sa part, c'était toujours ça de moins qu'il aurait a gérer tout seul.

Devant chacune des idées-suggestions-propositions de Sylvaen, l’ex-couetté haussait les épaules, regardant toujours le carrelage à ses pieds. Il n’avait pas retiré sa main de celles de la préfète des lions et s’y accrochait même fermement. En fait, il avait terriblement envie de se réfugier chez sa mamie, là où tout était sûr, réglé comme une horloge, un lieu hors de tous ses problèmes et où la seule préoccupation était de savoir s’il restait des pots de confitures dans le cellier pour le petit déj….
Seulement, sa mamie était loin et les vacances de Noël aussi, alors il allait bien falloir rester à Poudlard et vivre en ermite au fond des cachots de Serpentard n’était pas une bonne idée même si elle était diablement tentante.

« Ca sert à rien t’façons shuis un cracmol c’est tout… »

Oui Samuel faisait sa mauvaise tête mais il y avait de quoi ! Et puis il pleuvait. Et puis il n’avait pas fini son devoir d’arithmancie pour le lendemain. Et puis sa couette était coupée, plus jamais il ne se montrerait en public. Il soupira et détacha enfin son regard du carrelage. Plus loin, un chat dodu dormait sur un escalier, étalé en plein soleil. Un œil blanc, un œil noir, le menton posé sur une de ses petites pattes, seule sa queue noire et grise bougeait dans la lumière. Il avait l’air tellement heureux, loin de tous les soucis qui hantaient l’esprit de Samuel…

Finalement Sam se leva. Il alla ramasser son ruban coupé et ses mèches dorées avec autant de délicatesse que s’il s’était agi d’un oiseau blessé.

« Tu crois qu’on peut … Je sais pas… Les recoller, ou bien les refaire pousser ?... Ca doit bien exister un truc du genre non ? Ptete une potion ?... Je vais aller voir à la bibliothèque… Tu veux bien venir avec moi ? »

Avec sa petite voix, son air tellement triste et ses cheveux dans sa main, il avait l’air presqu’aussi attendrissant que le chat noir et blanc sur son escalier. Tout en mettant son ex-couette dans sa poche, il rabattit la capuche de sa cape sur sa chevelure ruinée.