Des explications s'imposent

[Le Hall]

Elbereth s'était arrêtée soudainement sur le chemin des cachots de Serpentard. *Autant en terminer avec les choses désagréables*, s'était-elle dit en rebroussant chemin pour monter le Grand Escalier et se rendre ainsi jusqu'aux bureaux des directeurs. Elle avait noté que Sam n'était plus dans le Hall et elle se demanda avec un pincement au coeur où est ce qu'il avait bien pu aller.

C'est sur ces réflexions et les souvenirs de leur dispute qu'elle arriva devant la gargouille derrière laquelle étaient dissimulés les bureaux des deux directeurs de l'école. Elle ouvrit la bouche pour prononcer le mot de passe, mais rien ne sortit. Depuis le temps qu'elle était partie le mot de passe avait certainement changé ! Elle allait devoir attendre qu'une âme charitable passe et lui donne le code ? Elle regarda dans le couloir d'un côté puis de l'autre, mais les lieux étaient totalement déserts.

*Autant essayer l'ancien*, se dit-elle alors. *Au moins j'aurai essayé.*

Elle prit alors une inspiration, et prononça :

"Chaussette."

C'était un peu stupide comme mot de passe, mais bon... A son grand étonnement, la gargouille s'écarta de sa loge, lui laissant assez de place pour pouvoir emprunter l'escalier qui se trouvait derrière elle. Le code n'avait pas changé. Imprudent...

Elle ne s'attarda toutefois pas sur ces considérations et monta la première marche. L'escalier fit le reste, la montant automatiquement dans un grand bruit de frottement de pierre contre pierre jusqu'à une massive porte de bois derrière laquelle se trouvait les fameux bureaux. Elle poussa la porte qui s'ouvrit sans bruit, puis se retrouva confrontée au choix du directeur à qui elle allait devoir parler.

Elle resta bêtement là à se demander à qui elle préférait parler. A vrai dire, elle n'avait pas vraiment de préférence, de toute façon, elle supposait que ce serait désagréable avec l'un et l'autre. C'est alors qu'une des portes s'ouvrit et...

(A qui veut)

Elbereth vit donc un jeune homme sortir du bureau de la directrice. Elle ne le connaissait pas, et nota simplement grâce à son écusson qu'il était à Poufsouffle. Il semblait également avoir à peu près le même âge qu'elle. Il l'aborda, lui proposant son aide. Toujours un peu énervée par la dispute qui venait de se dérouler dans le Hall, la jeune fille lui envoya un regard froid, sans répondre immédiatement. D'ailleurs, elle ne savait pas quoi répondre. Et puis en plus elle recommençait à avoir faim. Une petite part de tarte n'était pas suffisante pour compenser une journée sans manger. Finalement, elle se décida pour un :

"Merci," sur un ton neutre.

Elle se demanda alors ce qu'il avait été faire dans le bureau de la directrice. Peut-être était-il nouveau après tout. Elle ne l'avait encore jamais vu, c'était possible. Elle jeta un coup d'oeil derrière lui vers le bureau de Mme Ombrelune, mais ne fit pas un geste pour s'en approcher. A vrai dire, elle redoutait vraiment d'avoir à donner des explications sur son absence, et la réception qui l'avait attendue dans le Hall ne l'encourageait pas à être confiante sur ce qui l'attendait...

Elebereth lança un regard froid au jeune homme et marque un temps de silence.

*Mais qu'est-ce qui va me tomber dessus encore? -_-*

Finalement, elle finit par répondre un simple "merci" , d'un ton totalement neutre. Sébastien se demanda s'il s'agissait d'une quelconque réponse typiquement anglaise ou s'il venait gentiment de se faire inviter à aller voir ailleurs si il n'y avait pas un boursouflet qui trainait.

*Moué, sont sympathiques dans cette école, pitié j'espère qu'ils sont pas tous comme ca...*

La jeune fille semblait visiblement inquiète par ce qu'il se passait dans le bureau et le Poufsouffle se résigna finalement à ne pas l'aider. Il entendait le ventre de la jeune Serpentard qui gargouillait depuis tout à l'heure et prit de pitié, décida de lui offrir le paquet de chocogrenouilles qu'il avait pris en encas pour son voyage.
Il tapota l'une de ses valises avec sa baguette et attrapa le paquet au vol pour ensuite le tendre à la jeune fille.

"Tiens, tu dois avoir très faim. Le préfet des Poufsouffle est en ce moment dans le bureau mais il ne devrait pas en avoir pour longtemps. Je ne sais pas ce qui t'amène ici, mais tu devrais te sentir mieux après en avoir parlé avec l'un des directeurs plutôt que de ruminer ca dans ta tête.
Sur ce je pars en cours, à une prochaine fois peut-être, dans de meilleures conditions je l'espère."

Le jeune français s'étonna lui-même de cette attention particulière envers elle, mais il lui semblait qu'elle venait de subir quelque chose de difficile, et le jeune homme ne savait que trop bien ce qu'il se passait dans la tête de quelqu'un en de tels moments.
Sur ces paroles, il descendit les escaliers accompagné de ses valises qu'il confia plus loin à un elfe de maison qui se chargea de les guider vers le dortoir.

[Cours de défense contre les forces du mal]

(Pour rappel : le préfet de Poufsouffle est "PNJtisé", donc à toi de voir ce que tu veux faire avec )

Elbereth accepta le paquet tendu par le nouveau, intriguée. Elle baissa les yeux pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur et découvrit des chocogrenouilles. C'était gentil, tout de même, de sa part de lui offrir ses friandises. Elle sentit sa colère diminuer d'un cran et releva les yeux vers le Poufsouffle en esquissant un sourire.

"Merci." répondit-elle, sur un ton plus chaleureux cette fois.

Elle n'eut pas le temps d'aller plus loin, il s'éloignait déjà, probablement pour rejoindre les quartiers de sa Maison. Elle se retrouvait à nouveau seule et indécise. Finalement elle se décida, et se dirigea vers le bureau du Professeur Kay. Il connaissait son cas, après tout... Ca serait surement plus simple. Elle ne s'attendait tout de même pas à un accueil chaleureux mais on pouvait toujours espérer que ce soit le moins pire possible...

Elle s'arrêta devant la porte et hésita quelques secondes avant de frapper et d'attendre une réponse.

Le temps que la petite discussion se déroule hors du bureau, William etait allé aux toilettes (parce que oui, les directeurs vont aussi aux toilettes ._.). Lorsqu'il revint dans son bureau, il crut avoir entendu frapper. Il n'attendait pourtant personne. Il ecouta attentivement mais plus aucun bruit dne venait de la porte. Par sécurité, il leva le regard vers la pendule magique placée au dessus de l'entrée et vit une aiguille placée sur *bureau du directeur*. La lecture du nom lui fit lever un sourcil.

" tiens donc... "

William fit deux pas et ouvrit la porte d'un coup.

"Mademoiselle Tennoio ! Entrez donc !"

Elbereth eut un léger sursaut lorsque la porte s'ouvrit sur le directeur qui prononçait son nom. Comment avait-il su à l'avance qui se trouvait derrière ? Elle obéit toutefois à son injonction et fit deux pas prudents qui la conduisirent à l'intérieur du bureau. Elle ne se sentait pas très à l'aise et jetait des coups d'oeil discrets autour d'elle.

"Bonjour, monsieur le directeur." dit-elle en essayant de prendre un ton assuré.

Elle perçut un frôlement au niveau de sa jambe et baissa les yeux pour trouver Midnight qui, revenu de son exploration, l'avait retrouvée et n'avait pas l'intention de quitter les lieux pour le moment, bien trop intéressé par cette pièce à laquelle il n'avait encore jamais eu accès.

Un tour de baguette et le joli chat noir se retrouva à flotter dans l'air, un air surpris dans le regard. Un autre mouvement de baguette et le chat lévitant fut sorti dans le couloir où il flotta jusqu'à reprendre contact avec le sol doucement au moment où la porte se fermait.

"Monsieur chat restera dehors car voyez vous mademoiselle Tennoio, j'aime beaucoup les animaux, mais j'ai appris à m'en méfier lors des discussions sérieuses, un animagus est si vite arrivé. Car je pense que c'est pour une discussion sérieuse que vous etes ici et non pour me demander l'autorisation de fonder un club de collectionneurs de tasses mordeuses. Je vous écoute."

Le jeune fille se tenait debout devant le bureau derriere lequel William prit place, l'invitant à en faire autant. Elle avait déserté l'école durant plusieurs mois mais il la connaissait assez pour savoir qu'un flux de questions au ton accusateur aurait vite fait de refermer l'huitre qu'elle pouvait être. Il préféra donc la laisser lui dire ce qu'elle avait à dire. Les questions viendraient plus tard.

Elbereth regarda Midnight se débattre en miaulant dans les airs sans comprendre ce qui lui arrivait alors que le directeur le faisait voleter jusque sur le palier. Bien qu'elle fut encline à penser que c'était une précaution inutile - elle était certaine que son chat était tout sauf un animagus - elle ne batailla pas sur ce point qui somme toute ne revêtait aucune espèce d'importance.

Elle fut toutefois surprise de n'être l'objet d'aucun interrogatoire. Elle resta un moment à fixer William Kay, perplexe, cherchant par où commencer d'une part, et quoi révéler d'autre part. Finalement elle opta pour n'aborder que le sujet qui la préoccupait actuellement. Si le directeur voulait savoir ce qu'il s'était passé, il le lui demanderait. Elle fixa sur lui son regard vert avant de prendre la parole :

"Eh bien... Je suis rentrée à l'école pour achever ma scolarité, mais comme j'imagine que j'ai pris un retard non négligeable je voulais savoir ce qu'il serait possible de faire pour que je le rattrape, ou s'il faudrait que je redouble..."

Elle se tut un instant et ajouta quand même au bout d'un moment :

"Je pense que je n'aurai plus de raison d'avoir à... m'éloigner désormais."

Il fallut attendre la dernière phrase pour que la serpentard parle à mi-mot des raisons de son départ inoppiné de l'école. Pourtant, elle ne lui apprit pas vraiment grand chose si ce n'est qu'elle n'etait pas partie pour aller visiter le monde ou par plaisir. Quoique il n'en savait rien en fait.

Faisant rouler sa baguette sur son bureau du bout des doigts, William ne quittait pas Elbereth de son regard d'un bleu brillant. Il ne disait rien, essayant de percer l'esprit de la demoiselle qui faisait barrage de son mieux. Il vit quelques images cependant. une maison, une femme, une jeune fille, des couleurs sombres, un sentiment de colère, de peur.. un eclair. une amulette. un pentacle.. .

William fronça les sourcils et cessa son sortilège informulé de légilimancie pour reprendre d'une voix calme, sans trace de remontrance ou de morale.

"Mademoiselle Tennoio, vous avez été absente la plus grande partie de l'année et les lettres d'excuses que j'ai reçues, soit disant de la part de vos parents, ne m'ont pas trompé le moins du monde. Votre retard est tel qu'il vous est impossible de passr les examens de fin d'année qui débutent la semaine prochaine, le redoublement me semble donc inévitable. "

Marquant une pause, le directeur poussa sa baguette sur le coté de son sous-main de cuir et s'adossa au fond de son fauteuil, mains croisées sur sa chemise. Fixant toujours Elbereth, il continua.

"Redoublement qui ne sera possible que si je consens à accepter que vous continuiez vos études à Poudlard."

Elbereth sentit une présence dans son esprit, l'espace de quelques instants et fut décontenancée par cette façon d'agir de la part du directeur. Instinctivement, et parce qu'elle l'avait pratiqué un nombre incalculable de fois, elle ferma ses pensées à l'incursion de M.Kay. Les lèvres pincées, elle ne dit rien, mais son regard affichait clairement ses sentiments quant au comportement qu'il venait d'avoir.

Quand il prononça son redoublement, Elbereth ne fut pas réellement déçue, elle s'y était attendue. C'était logique. Et redoubler ne la dérangeait pas vraiment de toute façon. Par contre, les paroles qui suivirent l'étonnèrent franchement. Il considérait l'option de l'exclure de l'école ? Elle sentit une angoisse sourde s'insinuer en elle, serrant son estomac comme dans un étau. Si elle ne pouvait pas rester ici, où irait-elle ? Et surtout comment trouverait-elle un travail avec un salaire décent sans aucun diplôme ? Elle renvoya à William Kay un visage impassible, décidée à ne rien montrer de son angoisse à celui qui lui faisait face :

"Et... qu'est ce qui vous y ferait consentir ?" demanda-t-elle seulement.

Décidément la demoiselle etait bonne occlumens pour son jeune âge. Mais il apparaissait clairement que sa vie difficile avait du l'amener souvent à ce genre d'exercices. Elle avait appris à affronter les choses sans ciller, et l'air stoïque qu'elle affichait etait certainement un masque qui cachait l'inquietude, l'etonnement, la crainte peut etre qui avaient du naître en elle suite à ce qu'il avait dit.

William decolla son dos du dossier de son fauteuil pour venir croiser ses mains sur son bureau. Il ne baisserait certes pas le regard devant la petite serpentard et continua donc de la fixer mais cette fois sans tenter de pénétrer ses pensées. Sa voix restait douce mais le ton etait sans concession.

"Ce qui m'y ferait consentir derait que vous me mettiez au courant de tout ce qui se passe dans votre vie pour etre ainsi obligée de quitter l'ecole durant plusieurs mois. Ce qui m'y ferait consentir serait aussi que vous cessiez de me prendre pour un idiot avec votre air de "je ne vois pas de quoi vous parlez professeur". Ce qui m'y ferait consentir, enfin, serait que vous me donniez de bonnes raisons pour que j'accepte votre réintégration dans notre école. On n'a rien sans rien mademoiselle Tennoio, et je pense avoir déjà été assez conciliant en ce qui vous concerne. Vous avez 10 minutes pour me convaincre."

Elbereth resta un moment silencieuse, ses yeux verts dans lesquels luisaient des éclairs de colère fixés sur le directeur. Elle n'arrivait pas à croire qu'après tout ce qu'elle avait vécu, tout ce qu'elle avait enduré, elle risquait de se faire virer à cause de lui. Au delà du message que transmettait son regard, ses sentiments n'étaient visibles que par le léger pincement de ses lèvres.

Cela avait quelque chose de grisant de se laisser aller à ressentir véritablement ce genre d'émotion, de ne pas s'efforcer de les refouler de peur de baisser sa garde un instant et laisser ainsi l'opportunité à l'autre de prendre le dessus... Etre en colère, véritablement en colère, cela la rendait presque joyeuse. Tout ceci était très contradictoire et la rendait elle-même un peu confuse. Finalement, à contrecoeur, elle prit la parole :

"On n'en parle jamais chez moi."

Elle laissa le silence planer un instant, cherchant ses mots. Elle ne tenait pas du tout à rentrer dans les détails, d'une part parce que cela ferait ressurgir trop de choses qu'elle préfèrerait oublier, mais aussi parce qu'il y avait beaucoup de choses qu'elle ignorait tout simplement.

"Depuis que je suis née, j'ai dû partager mon corps avec quelqu'un d'autre. Une personne... Un homme plutôt, quand il me parlait il avait une voix d'homme... Mauvais..."

Elle esquissa une petite grimace.

"Je ne sais pratiquement rien de lui, il ne laissait jamais rien échapper de son identité..."

Elle baissa les yeux et se tût à nouveau, réfléchissant.

"J'ai cru comprendre que ce cas de... possession... était récurrent dans ma famille. Une sorte de malédiction je pense... Mes parents ne m'en ont pas dit grand chose. Ils ne s'attendaient pas à ce que cela tombe sur moi. Je crois qu'il y a eu un problème... Je ne sais pas."

Elle leva les yeux :

"En tout cas, le souci c'est que de temps en temps il arrivait à prendre le contrôle de mon corps et je ne pouvais pas l'empêcher de faire ce qu'il voulait... Je devais faire attention en permanence, ne pas baisser ma garde... Quand j'étais petite c'était difficile, mais j'ai fini par apprendre. Mais parfois quand j'étais trop fatiguée... Je n'osais pas rester ici, j'avais peur de ce qu'il serait capable de faire. Alors je partais le temps de me reposer et je revenais ensuite."

Elle termina enfin :

"Je vous ai dit que ce ne serait plus nécessaire que je m'éloigne parce que j'ai finalement réussi à m'en débarrasser."

William avait écouté la tirade de la jeune fille sans ciller, ne l'interrompant à aucun moment. Plusieurs pensées s'etaient simultannement formées dans son esprit.

La premiere etait que la jeune fille devait vraiment tenir à poursuivre ses études pour mettre de coté la colère qu'il lisait dans ses yeux et l'orgueil fier des serpentards dont elle faisait partie, et pour ainsi déballer sa vie privée et familiale devant lui.

La deuxième etait que il était à des années lumières de ce qui était vraiment arrivé à Elbereth. Jamais il n'avait imaginé quelque chsoe d'aussi terrible. Ce qui lui semblait le plus fou c'était que la jeune fille avait pu vivre avec ça sans montrer une seule faille, sans craquer sous la puissance que devait avoir cette "creature" pour que personne, ni lui ni un autre professeur, ne découvre sa présence.

Apres un court instant de silence, il reprit d'une voix calme.

"Je ne comprends pas que vous ne soyez pas venu demander mon aide. C'était complètement inconscient d'affronter cela toute seule."

Seule? Peut etre pas. William sortit le dossier scolaire de la serpentard de sous une pile au dessus de laquelle tronait celui de Sébastien Windfall de Poufsouffle et l'ouvrit.

"Qui etait au courant? Je me doute bien que quelqu'un a du vous aider à juguler tout cela. Comment avez vous réussit à vous en "débarasser" comme vous dites? Vos parents résident-ils toujours à cette adresse?"

Il pointait du doigt une ligne de son écriture déliée, son regard d'azur posé sur le visage toujours pincé d'Elbereth.

Elbereth haussa les sourcils aux réflexions du durecteur avant de répondre d'un ton qui donnait l'impression qu'elle expliquait quelque chose d'évident :

"Je ne vous en ai pas parlé déjà parce que même mes parents n'ont plus voulu de moi quand ils se sont rendu compte de ce que j'étais... Alors une école... Je pensais que je n'obtiendrais qu'un aller simple pour Ste Mangouste..."

Elle le regarda ensuite trouver et ouvrir son dossier scolaire et jeta un oeil sur la ligne qu'il lui désignait. Elle pinça les lèvres en haussant légèrement les épaules.

"Oui, j'imagine qu'ils vivent encore là. Ils ont déménagé une fois il y a deux ans et ils m'ont quand même fait envoyer leur nouvelle adresse, pour des questions administratives je pense. Donc s'ils avaient déménagé à nouveau, on m'aurait transmis leur adresse je crois."

Il lui demanda qui était au courant à l'Ecole et là Elbereth hésita à lui répondre. Elle n'avait pas envie de mettre Sam dans le pétrin. Mais d'un autre côté le directeur devait bien se douter qu'elle l'avait mis dans la confidence. Il devait savoir qu'ils étaient proches. En tout cas avant... Elle se décida donc.

"Samuel Gamegie était au courant. C'est tout."

Quand à la façon dont elle avait réussi à se débarrasser de cet hôte indésirable... Elle-même ne s'en souvenait plus très bien. C'était assez étrange d'ailleurs. Quelques images revenaient en flashs, mais elle n'arrivait pas encore à leur donner véritablement un sens.

"Je ne me souviens plus vraiment de la façon dont je l'ai expulsé... Je crois que je suis restée inconsciente un certain temps, c'est encore un peu confus. Je me souviens que c'était une sorte de rituel, assez compliqué parce qu'il m'a fallu un long temps de préparation et qu'il fallait que je fasse attention à protéger mes pensées pour qu'il ne s'en rende pas compte trop tôt..."

Elle se tut, plongée dans ses pensées, essayant de remettre bout à bout les fragments de souvenirs qui lui revenaient pour en faire un récit cohérent.

"Vous savez mademoiselle Tennoio, j'ai toujours mis un point d'honneur à considérer les élèves de cette ecole non pas comme des dossiers scolaires portant des numéros mais comme des individus à part entiere, avec leurs bons et leurs mauvais cotés, leurs problèmes et leurs soucis. Et je n'ai encore jamais mis quelqu'un dehors avant de tout tenter pour l'aider. Encore moins à Sainte Mangouste. Cela me fait mal de voir que vous avez cette opinion de moi. "

William nota quelque chose dans le dossier qu'il referma ensuite.

"Bien que vous ne me fassiez pas confiance, je vous accorde la mienne, peut etre mon coté Poufsouffle qui ressort me direz vous. Je vais envoyer un courrier à vos parents pour leur communiquer ma décision de redoublement ainsi que mon intention de porter plainte pour mauvais traitements à votre égard et non assistance à personne en danger. Le minsitere se chargera du reste. Quant à nous, nous nous reverrons dès que vous aurez repris vos repères. "

Sur ces mots le directeur se leva et re-contourna son bureau avant de sourire à la serpentarde pour la reconduire à la porte.

"Un an de redoublement ne fait de mal à personne. Voyez cela comme une seconde chance plutot que comme une punition. Au revoir Elbereth et saluez pour moi votre ami Samuel."

Elbereth rougit légèrement à la tirade du directeur, à la fois un peu confuse et énervée. Elle savait très bien que M. Kay était quelqu'un de compréhensif et plutôt gentil, mais elle avait été tellement habituée à provoquer le dégoût et la peur chez ses proches qu'elle n'avait jamais ne serait-ce qu'imaginé que qui que ce soit puisse réagir autrement. Elle ne répondit rien, il n'y avait rien à dire de toute façon. Il lui parla ensuite du courrier qu'il allait écrire à ses parents et elle acquiesça silencieusement. Ca n'allait pas leur plaire du tout, mais après tout ça lui était égal, leurs relations pourraient difficilement être pire. Et elle ressentait même plutôt une certaine satisfaction à savoir qu'ils allaient peut-être enfin payer pour ce qu'ils lui avaient fait subir.

Finalement, il la raccompagna à la porte en la rassurant sur son redoublement. Elle lui répondit d'un ton léger :

"Je ne vais pas vous dire que je suis ravie de redoubler, mais je m'y attendais. De toute façon il y aurait eu toutes les chances pour que je n'arrive pas à suivre en 7ème année."

Il lui demanda de saluer Sam de sa part et elle fut un peu soulagée qu'elle ne lui ait pas attiré d'ennuis. Même s'il avait été tout à fait odieux à son retour et qu'elle était toujours furieuse contre lui.

"A bientôt monsieur le directeur." dit-elle en franchissant la porte.