Revenue de loiiiiiiin !

A peine avait-elle mis les pieds dans le Hall, qu'elle savait où aller. Abigere, ancienne élève de cette magnifique école de sorcellerie, avait eu le plaisir de se faire appeler par son cher directeur et ami : William Kay. Elle savait bien que Willou ne pourrait pas passer tant de temps sans elle ! Elle décida donc d'aller directement vers le bureau du dit directeur, se dirigeant dans les couloirs comme si c'était hier qu'elle s'y baladait entre deux cours.

*Cela n'a pas changé !!*

Alors qu'elle arrivait devant la gargouille, elle sortit le parchemin que William lui avait envoyé, pour y trouver le mot de passe.

"Chaussette !"

Il avait toujours eu une imagination débordante mais là ... Qu'importe, elle monta rapidement les marches, impatiente de retrouver son camarade de Poufsouffle. Elle ne prit même pas la peine de toquer et ouvrit la porte brutalement. Levant les bras, elle cria sa joie d'être là.

"Willou c'est moiiii !!!"

En cette fin de matinée, William était occupé à remplir la déclaration d'accident que le ministère de la magie lui avait demandé à propos du petit incident avec Ailis Wenefried de Serpentard. Il avait passé la matinée dessus. Non que le formulaire fut compliqué à renseigner, mais il avait été interrompu à plusieurs reprise par Matthew Rogue pour une histoire de produits volés, puis par Faelin qui avait des soucis d'approvisionnement de desserts, par un élève pour une transfert de dossier et enfin par l'infirmier qui était venu lui apporter le remede qu'il lui avait demandé pour ses ampoules aux pieds. Il n'était donc plus très loin de midi et la déclaration d'accident trainait toujours sur son bureau.

Quand la porte s'ouvrit à la volée, énervé par le fait d'être encore dérangé et aussi par le manque de politesse, William se leva d'un bond, le regard dur et les mains à plat sur le bureau. La bouche qu'il avait ouverte pour hurler resta entr'ouverte tandis que son regard prenait une teinte de surprise puis de joie.

"Mille baguettes Abi ! "

Contournant le bureau, la couette blonde ondulant dans son dos, il s'approcha à grand pas pour prendre la jeune femme dans ses bras en la faisant tournoyer. Il la reposa enfin au sol, laissant ses mains sur sa taille et la regarda avec beaucoup d'intérêt. Elle avait pris quelques années mais elles lui allaient à merveille. Le temps en avait fait une trentenaire pleine de charme et d'assurance, laissant dans ses yeux et son sourire, l'eclair de malice qui la caractérisait tant. Elle rayonnait.

Le rire si typique du directeur de Poudlard résonna fortement dans le bureau lorsqu'Abi lui dit qu'il n'était pas mal non plus. Quelques grognements offusqués fusèrent des tableaux dont il avait réveillé les propriétaires mais Willou ne sembla pas en tenir compte. Il avait l'habitude des vieux raleurs.

"Je suis loin d'etre celui que j'etais à 17 ans .. 14 ans qu'on ne s'est pas vus tu te rends compte..Qu'est ce que c'est?"

La jeune femme avait sorti une boite de son sac et la lui tendait. Sa question était inutile, il connaissait Abigere et la forme de la boite etait bien sur équivoque. L'attention de son amie fit chaud au coeur à William qui rougit légèrement. Ses yeux s'agrandirent lorsqu'il ouvrit l'etui et deplia le papier de soie. La baguette qu'avait choisie abi pour lui etait tout simplement magnifique. Délicatement décorées dans un bois d'une beauté rare, elle ressembalit à une princesse endormie dans son lit de satin. Les doigts de William la frolerent et elle brilla d'une douce lueur, lueur qui s'intensifia lorsqu'il la prit en main.

"Superbe... Elle est magnifique... Merci Abi.. Merci infiniment ."

L'éclat qui brilla un instant dans les yeux du directeur etait celui que l'on voyait dans les yeux des enfants émerveillés. Il remit la baguette dans sa boite et déposa le tout sur son bureau avant de se retourner vers son ancienne amie.

"En effet je vois ça, la mode chinoise te va à ravir. Surement mieux qu'a moi d'ailleurs J'espere ne pas avoir interrompu tes vacances Je suis désolé de ne pas avoir pu venir te chercher à la gare. Assieds toi ! Tu as faim? Soif? Tu veux quelque chose? je vais t'emmener à tes appartements."

Obeissant au conseil de son amie, William reprit place sur la fauteuil qu'il venait de quitter. Abigere avait toujours été du genre de ceux qui n'ont pas froid aux yeux, que les traditions ennuient. Il n'était donc pas étonné qu'elle ait eu une idée farfelue mais pour qu'elle lui conseille de s'asseoir, c'est que cela devait etre quelque chose d'incroyable.

Et ce fut quelque chose d'incroyable. La machoire de William semblait s'etre decrochée, ses yeux semblaient s'etre fixés à tout jamais dans la meme direction. Toute vie semblait l'avoir abandonné. Pourtant il put parler.

"Un... dragon... un... dragon..."

Alors, aussi subitement qu'il s'etait pétrifié, il sembla exploser en se levant subitement. Cette fois ce furent ses cris qui réveillèrent les esprits des tableaux.

"Non mais t'es dingue? Tu veux que j'ai les parents sur le dos? le ministere ? Les aurors ? Tu veux que je perde ma place? Un dragon dans le périmètre du château ? Avec des centaines d'élèves sous MA responsabilité ? Mais enfin Abi où as tu la tête ????"

A bout de souffle, il se rassit, regardant son amie comme s'il ne l'avait jamais vue.

"Un dragon..."

Soit il avait vieili, soit .. bref.. toujours est-il que l'attitude desinvolte d'Abi qui, étudiant, l'avait toujours fait rire, n'etait plus drole du tout. A l'écouter on aurait cru qu'elle ne se rendait absolument pas compte de la responsabilité qu'elle mettait sur le dos de William.

Puis elle reprit la parole et William l'ecouta avec attention. Des aurors? le père de Sylvaen? Qu'est ce qu'il venait faire la dedans le père Danselune? La derniere phrase qu'elle prononça lui fit secouer la tete.

"C'est au programme oui mais on n'a jamais vu un dragon dans une école... enfin bon.. si tu dis que le ministère est d'accord.. Mais attention !! TU seras entierement responsable de tout ! Il n'est pas question que JE prenne sur moi la responsabilité d'une telle idée, car monsieur Danselune est peut etre d'accord avec l'idée mais je ne pense pas que ce soit un avis partagé par tous les parents d'élèves et les hiboux vont arriver par dizaines j'en suis sûr."

Ceci dit il se leva et, une main dans la poche de son pantalon, s'adossa au bureau.

"Un dragon... Décidément tu mettras toujours de l'inattendu dans ma vie Abi...Et elle arrive quand ta bete? Non parce que il ne faut pas non plus me prendre pour une poire, je me doute bien que tu n'as pas attendu mon accord pour en commander l'arrivée -_- .."

William avait attrapé la liasse de feuillets et une plume noire pour les signer. Penché sur son bureau, la couette glissant peu a peu de son epaule, il commençait de se demandrr si il avait eu une bonne idée en proposant le poste à Abi. Apparemment, si les années lui avaient été bénéfiques physiquement, elles n'avaient en aucun cas changé son caractère.
Elle allait peut etre avoir du mal à s'insérer dans l'équipe avec des gens aussi sérieux que Matthew ou le professeur Baker... Sans compter les soucis que ses méthodes tres particulieres n'allaient pas manquer de lui apporter.
Pourtant, il était heureux qu'elle ait accepté le poste. Peut etre justement pour changer de la routine dans laquelle il s'ennuyait ces derniers temps. Car oui, il fallait bien l'avouer, la solitude pesait sur le directeur depuis quelques semaines (mois?). Un peu d'animation lui ferait du bien.

"voilà, ta "bête" sera accueillie comme il se doit mais pour le moment pas un mot aux élèves. Voici les clés de ton appartement, c'est celui du bout du couloir à droite. Le mot de passe pouir pénétrer dans l'aile nord est : "pince à linge". Quant à ton emploi du temps, je... Mille baguettes ! Stupefix !"

William s'etait levé, baguette cadeau d'Abigere en main, et avait jeté le sort sur une enorme chauve-souris qui venait de faire irruption dans le bureau. Avant que William n'ait eu le temps d'arreter son geste, elle s'etait transformée en professeur Gemma et le sort d'immobilisation etait parti de sa baguette mais passa deux millimetres de la tete du professeur qui ne le remarqua meme pas dans l'etat où il était.

"Quitté le collège? Comment ça quitté le collège?!!! "

Observant William signer les papiers, elle écouta également attentivement ce qu'il lui dit tout en rengeant ses nouvelles clés dans sa poche. La porte s'ouvrit alors violemment et Willou leva rapidement sa baguette. Tout aussi vite, Abi se protéga de ses bras et s'accroupit au sol dans l'espoir d'éviter tout problème. Le problème était en fait un homme aux cheveux blancs, qui hurla que quelqu'un était parti du collège. Le sort du directeur passa à quelques centimètres de lui mais cela ne le choqua pas plus que cela.

Jetant un regard vers son ami et se levant doucement, elle prit conscience qu'elle n'était peut-être plus vraiment à sa place dans l'état actuel des choses. Le nouvel arrivant s'était assis et semblait désespéré, quant à Willou, il semblait qu'il allait avoir bien des problèmes à résoudre. Abigere s'avança donc légèrement vers lui, lui posa une main sur l'épaule puis pris la porte en lui adressant un clin d'oeil.

[Quelque part !!! :D]

Effondré qu'il était, Nex ne vit pas la professeur s'en aller, pas plus qu'il n'avait vu qu'elle était là, ou encore le sort qui l'avait frôlé ... Sébastien s'était enfui, il était en danger. Il y avait assez de choses dans son esprit pour l'occuper.

"Quitté le collège ... Il s'est enfui avec le balai qui traînait dans mon bureau ... je suis vraiment désolé ..."

Il était en colère contre lui-même; Se mordant la lèvre de toute ses forces, des larmes de colère, de tristesse et de douleur apparurent au coin de ses yeux.

"Il est parti rejoindre sa mère et sa soeur et ... c'est de ma faute !"

Il avait hurlé la fin de sa phrase avec colère et frappé du poing sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel il était assis, réduisant ce dernier en charpie.

Abigere quitta le bureau et Willliam lui en fut reconnaissant. Le jeune femme avait toujours été extravagante mais elle avait les qualités d'une poufsouffle, à savoir la discretion et le bon jugement. Et il était heureux de ne pas devoir avoir l'impolitesse de lui demander de sortir.

Maintenant qu'ils etaient seuls, le professeur Gemma essayait de lui expliquer ce qui s'etait passé avec le jeune poufsouffle mais sans y parvenir dans son affolement. Le directeur alla à un petit placard et en sortit un petit verre et une fiole d'un liquide ambré. Il en tendit un plein verre au pauvre professeur.

"Buvez ceci Nexuosus. L'affaire a l'air d'importance mais si vous vous mettez à tout casser nous ne nous en sortirons pas et puis j'ai besoin de vous en pleine possession de vos moyens, un bras cassé ne nous serait guere utlie."

William attendit qu'il eut bu le verre d'alcool et reprit. Apparemment, il n'y avait pas de temps à perdre.

"Bien alors vous me dites que Sebastien Windfall a quitté le collège pour retourner chez sa mère. Connaissant le jeune homme, il a du se passer quelque chose de grave mour qu'il prenne une telle initiative. Nous allons, vous et moi, partir tout de suite à sa recherche mais pour cela je dois connaitre tous les éléments de l'histoire. Je vous ecoute. Faites vite."

Il fallait à tout prix qu'il se contrôle ... Il était nécessaire qu'il puisse expliquer calmement ce qui était arrivé. Des années qu'il n'avait pas été aussi inquiet et des années qu'il n'était pas sorti de ses gonds. Sébastien était trop important pour lui et il était hors de question qu'il lui arrive malheur.

Le regard toujours vers le sol, il vit la main tendue de William. Une main contenant un verre empli d'alcool. Nexuosus le prit avec hésitation mais le vida d'un trait. Il sentit la chaleur du liquide au fond de sa gorge, le long de son oesophage et il était presque sûr de la sentir dans son estomac. Une chaleur qui rejoignait la boule d'anxiété au fond de l'estomac de Nex, qui l'enveloppa et chercha à la faire disparaître.

Légèrement calmé, le professeur leva son regard sur le vide et commença à faire tourner son verre entre ses mains. Le directeur avait dit de faire vite ... mais Nexuosus ne semblait pas l'avoir entendu.

"Vous savez William, j'ai été à Poudlard aussi. J'y ai passé des années formidables et je me suis fait un ami. Le meilleur ami que l'on puisse avoir. Thomas, Thomas Windfall. Même vous vous devez le connaître. Il a été le meilleur Auror chasseur de loups-garou de son époque ... enfin ... il devrait être toujours vivant à l'heure qu'il est, mais cet imbécile s'était fait des ennemis chez ceux qu'il pourchassait. Des ennemis qui s'en sont pris à lui et qui l'ont eu, mais également à sa famille. Quand j'étais à Beauxbâton, j'ai pris Sébastien sous mon aile, sans jamais lui révéler qui j'étais pour son père. Mais il l'a découvert aujourd'hui ... J'en ai pris pour mon grade ... Quand il est arrivé ici à ma suite, je me suis démandé pourquoi. Et puis tout à l'heure j'ai réalisé ... que les loups-garou devaient toujours suivre la famille Windfall. Sauf que ... j'ai dit un mot de trop et Sébastien qui n'était pas au courant, à pris la clef des champs."

Nexuosus laissa couler une larme avant de continuer son discours sur un ton beaucoup mon neutre.

"Vous savez, je tiens à lui comme à mon fils, je ne veux pas qu'il lui arrive malheur. Si jamais il devait arriver quelque chose, je ne sais pas ce que je ferai ... je m'en voudrai à vie ... et Merlin sait comme ma vie sera longue. Je ne sais même pas où sa mère a emménagé ..."

Oui bien sur qu'il connaissait Thomas Windfall. L'auror etait connu de tout le monde sorcier et sa disparition avait fait la une des journaux sorciers durant de longues semaines. C'était d'ailleurs une des choses qui avaient fait hésiter William quand il avait reçu la demande de transfert de Sebastien. Il avait redouté la possibilité que lui aussi soit pourchassé jusque dans les murs de Poudlard, mettant en danger tous les autres occupants du château. Par contre il n'avait jamais imaginé un tel scenario.

Plus le professeur Gemma avançait dans son récit, plus les sourcils de William se fronçaient. Lorsqu'il eut finit, il lui tendit un mouchoir.

"J'ai la derniere adresse connue dans le dossier. Je vais m'y rendre et essayer de découvrir leur nouvelle adresse si ils en ont changé. Nexuosus, je comprends que vous vous sentiez responsable de ce qui arrive mais je trouve votre (intérêt ?) implication aupres de ce garçon trop grande. Il faut avoir de la mesure en tout. Méfiez vous de la reaction des autres élèves et de leurs familles..."

William se leva alors et alla prendre le dossier de Sébastien qu'il consulta. Il nota l'adresse sur un papier et le glissa dans la poche de la veste qu'il venait d'enfiler aavnt de se diriger vers la porte.

"Restez ici pour assurer vos cours, je ne veux pas que votre absence éveille des soupçons. Et prévenez Faelin de la raison de mon départ. Je vais le ramener alors controlez vous et ne laissez rien paraitre."

La porte du bureau se referma derriere lui.

Nex prit le mouchoir qui lui était tendu, mais n'essuya pas la larme qui coulait sur sa joue : cela faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas pleuré ... Il voulait la sentir encore un peu sur son visage. Sentir cette peur et cette culpabilité. Même William avait une adresse qu'il n'avait pas ... De plus, il préféra omettre la partie du discours du Directeur sur le fait qu'il ne devait pas s'inquiéter ou encore être si proche de Sébastien. Il n'aurait jamais gain de cause sur ce fait.

Lorsque William allait franchir la porte, il se permit une remarque.

"J'ai un doute sur le fait que l'adresse soit juste ... Il doit y a avoir une histoire de gardien du secret là-dedans ... Prévenez-moi quand vous revenez, s'il vous plaît ..."

Nexuosus avait déjà prévu une giffle magistrale pour Sébastien. Peut importe son état à son retour, il y aurait droit. William sortit du bureau et l'albinos se retrouva tout seul dans la grande pièce où l'on pouvait entendre les cliquetis d'instruments étranges et les ronflements de quelques tableaux. Il attendit dans cette ambiance pendant plusieurs dizaines de minutes, le regard dans le vide, puis attrapa un parchemin vierge sur le bureau du directeur, y inscrivit un mot pour expliquer la situation à Fealin. Il déposa ce mot sur son bureau puis sortit de la pièce comme une âme en peine.

Marchant en silence dans les couloirs de Poudlard, Nexuosus affichait un air d'enterrement. Difficilement plus fatigué que d'habitude, il avait néanmoins ce côté inquiet et affecté qu'il n'arborait pas d'ordinaire, et surtout ce visage sérieux qu'il n'avait plus depuis des années déjà. Tout côté loufoque avait déserté et il avait d'ailleurs laissé Puffy dans son bureau pour le moment.

Ne jetant pas un seul regard vers Sébastien, l'albinos avançait la peur au ventre. Qu'avait bien pu faire ce si gentil blondinet pour changer ainsi depuis son retour ? Il n'avait pas osé repasser à l'infirmerie et n'avait pas revu son protégé depuis lors, mais il lui semblait ... effrayant. Véritablement changé et beaucoup trop sérieux.

*Ce n'était pas ce que Thomas aurait voulait pour son fils.*

Perdu dans ses pensées, les sourcils froncés, l'albinos faisait claquer sa canne et avait glissé son autre main dans sa poche. Il ne se rendit donc pas tout de suite compte qu'ils étaient arrivés. Grimpant l'escalier dans le même silence pesant, il se surprit donc à frissonner quand Sébastien posa son regard sur lui. C'était normalement lui qui devait provoquer cela avec ses yeux rubis et non pas ce blondinet aux yeux azurs ! Il écouta donc l'étudiant, ce qui renforça son sentiment d'inquiétude et son malaise. Il avait l'impression d'assister ... à des adieux.

"Ecoute Sébastien, tu devrais arrêter de ..."

Il s'arrêta net. Le sourire du blondinet venait de l'atteindre en plein coeur et de clairement lui faire comprendre qu'une période était finie. Nexuosus suivit donc le jeune homme dans le bureau et referma la porte derrière lui, la mine assombrie.

Citation :

... semblerait que la désorganisation à Poudlard soit de plus en plus grande. Rappelons que la nomination de William Kay, en tant que directeur de la plus réputée des écoles du monde sorcier, avait été votée à une faible majorité, une grande partie des responsables du ministère étant opposée à nommer à ce poste important un homme aussi jeune.
On peut se poser des questions sur la capacité de Kay, qui va avoir à peine 33 ans, à gérer une si grosse structure lorsque l'un de ses élèves réussit à s'enfuir de Poudlard et qu'il n'y est ramené que plusieurs jours plus tard dans un état nécessitant une longue hospitalisation.
Certaines familles ont déjà signifié leur inquiétude au ministère suite à cette délicate affaire et nous attendons les déclarations prochaines du porte parole de monsieur Finchley, secrétaire délégué aux questions d'éducation sorcière qui devrait s'exprimer dans les...

Comment cette satanée Sheryl Ketler avait elle eu vent de cette histoire? Elle avait sauté sur l'information, gonflant les choses pour obtenir la Une, ce qu'elle avait réussit d'ailleurs. Le titre : "William Kay irresponsable" clignotait avec véhémence sous le bandeau de la gazette du sorcier qui etait arrivé le matin de bonne heure par hibou express.

Ca sentait le roussi. La veille, William avait reçu une convocation au ministère pour le mercredi suivant, entrevue où on lui demanderait de s'expliquer sur ce qui s'était passé avec Sébastien Windfall, entrevue en présence du ministre et dirigée par le fameux Finchley. Cette "entrevue" allait certainement ressembler à un procès, Finchley ne lui ferait aucun cadeau. Il n'etait pas sans savoir que le secrétaire ministériel voulait depuis longtemps son poste et supposait il n'allait pas laisser passer une si belle occasion de le mettre au pied du mur.

Plongé qu'il était dans sa contemplation du journal et dans ses pensées, il fut surpris de l'entrée des deux personnes qu'il attendait pourtant. William se leva et s'avança vers le poufsouffle et son professeur protecteur pour leur serrer la main. Ils avaient tous les deux une experession emplie de gravité et de tristesse. William les fit asseoir et glissa le journal sous une pile de dossier avant de s'asseoir à son tour. Le jeune sorcier etait déjà assez perturbé pour ne pas voir qu'en plus son acte irréfléchi risquait de couter son poste à William.

"Merci de votre ponctualité. J'espere que vous allez mieux monsieur Windfall. Je voudrais que vous commenciez par me raconter toute l'histoire meme si cela doit nous faire passer l'heure du déjeuner. Si vous souhaitez vous exprimer en français pour plus de facilité, je jetterai un sort sur le professeur Gemma et moi meme afin que nous comprenions tout ce que vous direz."

Le blondinet salua le directeur de la manière la plus chaleureuse dont il était capable à l’heure actuelle, c'est-à-dire plutôt "tiède" en vérité, et s’assit à son invitation en remarquant son geste pour cacher le journal. Le Pouf n’y prêta guère attention, après tout un directeur avait bien le droit de se détendre à un moment donné. S’il avait été dans un meilleur jour cependant, la mine inquiète de William lui aurait ôté très vite cette idée de la tête.
Il glissa un regard vers Nexuosus puis prit la parole.

"Je vous remercie de votre proposition, mais je parle anglais aussi bien que le français, il n’y aura donc pas de disposition particulière à prendre… bon, commençons par le commencement…"

Avec une volonté apparente, le jeune Français raconta toute son escapade sans rien cacher de compromettant, sa voix se ponctuant toutefois d’hésitation et son regard se baissant à l’évocation de certains moments. Ainsi il expliqua son coup de sang à la découverte du mensonge du professeur Gemma sur son passé commun avec son père, comment il décida d’aller y voir plus clair directement auprès de sa mère et comment il s’était retrouvé face à un auror qui était chargé de la protection de sa famille et qui n’a pas voulu le laisser approcher de la nouvelle demeure familiale.

L’auror lui expliqua sa mission, tenta de le rassurer quant à la sécurité de sa mère et de sa sœur, lui vanta les exploits de son père dans son rôle d’auror… mais surtout lui demanda de rentrer au plus vite à Poudlard parce que des loups-garous avaient été aperçus dans les environs…

Le jeune homme avoua en rougissant la promesse qu’il avait faite à cet auror de rentrer sans tarder et comment il l’oublia bien vite en apercevant des silhouettes suspectes dans des champs survolés sur le chemin du retour, non loin de chez lui, et surtout comment il était allé à leur rencontre.

Il s’était alors retrouvé devant quatre hommes à l’allure étrangement « bestiale », et ce alors que la lune commençait à pointer le bout de son disque, un soir de pleine lune au cas où ça ne suffisait pas déjà… Il avait alors immédiatement voulu s’enfuir mais un sortilège le fit tomber de son balai. Le plus vieux de ses agresseurs ricana en voyant le visage de Sébastien et lui montra un anneau qui pendant à une chaîne autour de son cou. Le lycanthrope lui avait alors dit qu’il l’avait depuis plusieurs années… depuis son combat contre un certain Thomas Windfall dont il poursuivait la famille pour éteindre jusqu’à son nom. Il avait continué à regarder le jeune homme avait un air avide de vengeance puis avait détourné son attention pour porter son regard sur l’astre nocturne, mouvement imité par ses trois comparses.

Le jeune homme raconta ensuite, avec la gorge serrée, comment il avait immédiatement sorti sa baguette et avait balafré le visage de l’homme avant de le stupefixer en évitant ses trois compagnons qui se jetaient sur lui. Il en avait stupefixé ensuite un autre en prenant l’alliance de son père mais n’avait pas pu lancer un charme du bouclier à temps pour éviter un sortilège qui l’envoya voltiger. Il fut alors traîné dans les airs sous les ricanements des deux sorciers et avait dû encaissé plusieurs chutes sur le sol et résisté, avec grand mal, à un Imperium apparemment mal maîtrisé dont il n’arriva à se dépêtrer qu’en jetant un Doloris -le mot eut du mal à sortir de la bouche du blondinet- sur son auteur qui lui sauta dessus dans un excès de rage dans le but de le mordre.

Dans la panique qui s’en suivit, le jeune homme jeta le sortilège qu’il tenait de son père quand les crocs s’enfoncèrent dans son bras. Le faisceau lumineux qui jaillit de sa baguette les toucha tous les deux et il sentit alors une intense brûlure parcourir son membre en même temps que son agresseur tombait sur le sol, mort. L’autre paniqua et s’enfuit à toute jambe.

Le jeune Windfall avait ensuite rassemblé ses dernières forces en luttant contre la douleur qui le parcourait pour remonter sur son balai en direction de Poudlard et se tenir éveillé jusque tard dans la matinée, où William l’avait apparemment trouvé.

"Voilà…" conclut-il simplement, l’air à la fois soulagé et inquiet. Ils regardaient tour à tour ses deux aînés dans l’attente d’une réaction comme il le faisait pendant tout son discours mais il avait maintenant l’estomac plus noué que jamais et le cœur qui battait la chamade.

Les yeux bleus du directeur n'avaient pas quitté le jeune Windfall tout au long de son récit. Plus le jeune homme parlait, plus William prenait conscience de l'ampleur de ce qui s'etait passé et des risques qu'il avait encourus. Il était aussi étonné de l'aplomb avec lequel le Poufsouffle racontait son histoire. Il avait l'attitude d'un Gryffondor, assumant pleinement ses fautes mais sans rien regretter.

Lorsqu'il eut finit, il ne fallut qu'un regard vers le professeur pour que William constate son anéantissement, ce qui ne fit que faire bouillir son sang un peu plus.

"Je suis fâché monsieur Windfall."

La phrase paraissait banale et quelque peu désuette mais ces mots sortant de la bouche de William Kay avaient beaucoup plus de sens et de force qu'un hurlement, même si sa voix était restée calme. Quand il continua elle s'était encore assourdie, comme un tonnerre lointain.

"Je vous dirais bien que je vous comprends, que je comprends que tout ceci vous ait touché au plus profond de votre être, mais je ne peux pas. Je ne peux pas comprendre que l'on puisse être assez immature pour se jeter ainsi dans la gueule du loup, sans mauvais jeu de mot. Je ne peux pas comprendre que l'on puisse être assez orgueilleux pour se croire capable de s'en sortir seul dans une telle situation. Enfin je ne peux pas comprendre que l'on puisse être assez égoïste pour mettre sa vie en danger sans penser à personne d'autre que soi. Mettre sa vie en danger mais aussi risquer de faire perdre beaucoup à ceux qui nous sont chers, ou qui croient l'être. Votre irresponsabilité, monsieur Windfall pourrait coûter très cher à d'autres que vous."

William faisait allusion à lui bien sûr mais principalement au professeur Gemma qui n'avait pas desserré les dents depuis tout à l'heure. Gemma qui avait du mourron à se faire s'il devait être amené sous les feux des projecteurs du ministere pour lequel sa suituation de vampire serait bientot une évidence. Il reprit après une pause pendant laquelle son regard accusateur n'avait pas quitté le blond. Il avait sortit un fine enveloppe du tas de courrier qui s'empilait sur son bureau.*

"N'attendez pas de moi que je vous punisse ou que je vous acquitte, cela n'est plus de mon ressort. Ceci est une convocation que j'ai reçue ce matin, une convocation au ministère de la magie à votre nom. Il se trouve que je suis moi meme convoqué pour une autre affaire. Je vais demander à ce que votre audience ait lieu le meme jour que la mienne pour essayer de vous défendre mais je ne vous promets rien. Un sortilège impardonnable est comme son nom l'indique, impardonnable. Et la légitime défense n'est pas une excuse, en tout cas elle ne l'est pas pour les juges qui vous entendront. Maintenant jeune homme, je vous demande de retourner à vos dortoirs. Vos permissions seront restrintes le temps que cette affaire soit jugée. Vous ne serez autorisé à quitter les locaux de Poufsouffle que pour vos cours et vos repas. Je vous tiendrai au courant pour votre convocation. Notre entretien est terminé. Je vais m'entretenir avec le professeur Gemma. Au revoir monsieur Windfall."

La derniere phrase prononcée par le directeur ne laissait place à aucune réplique. Déja , il avait quitté le jeune sorcier des yeux, l'entretien etait terminé, il l'avait dit.